Avec un sous-titre « De résonner… à raisonner ! »… Combien de fois, du temps où j’enseignais, ai-je lu résonner pour raisonner ? Le petit dessin en couverture me rappelle la légende selon laquelle il y a toujours un professeur pour dire à ceux qui se lèvent pour sortir dès que la cloche sonne : « La cloche ici c’est moi ! ». Mais l’auteure est professeure à l’université de Franche-Comté et a beaucoup publié aux éditions Marc Reift.
Soyons clair, malgré les courts résumés – un peu jargonnesques – en fin de chaque leçon, je n’ai pas compris grand-chose… Mais je crois savoir pourquoi. D’une part, je m’attendais à quelque chose qui m’expliquerait l’importance des Good Vibrations (écouter les Beach Boys) ou les litanies des Hare Krishna ou encore me rappellerait le film d’Alain Resnais « On connaît la chanson » et surtout pour moi qui chante comme une casserole et dont les connaissances en solfège sont fort faibles me donnerait à entendre ce qui est ici donné à lire. C’est beau une partition encore faut-il pouvoir la lire ou la jouer… Un CD aurait fortement aidé à l’appréciation du discours de Colette Mourey dont il est dit qu’elle est par ailleurs une bonne guitariste…
Elle parle par exemple de musique religieuse, mais ne nous dit pas – ou je n’ai pas su le lire – pourquoi l’église rejetait la musique profane ; ou ailleurs elle considère le lecteur comme doué en physique puisqu’elle mêle dans le même paragraphe une mesure en mètre par seconde, une en Hertz et une autre en dB (décibels).
Et pourtant il semble bien aller de soi que les rapports entre son et pensée sont riches et importants, ne serait-ce que si l’on se penche sur la torture blanche qui prive de sons ou surcharge par le bruit.
Pensez que votre lecture aura peut-être besoin d’un complément d’informations.
Bonne lecture.
Essai sur le son mental
Auteure : Colette Mourey
Editeur : Harmattan
Un immense merci pour ce commentaire, très joliment rédigé !
Effectivement, nos images sonores jouent un rôle de premier plan sur notre pensée, et pas seulement dans notre enseignement, mais dans les plus infimes réflexions de nos vies quotidiennes.
Juste, en tant qu’auteure et musicologue, deux rectifications… et mille excuses ! :
« Elle parle par exemple de musique religieuse, mais ne nous dit pas – ou je n’ai pas su le lire – pourquoi l’église rejetait la musique profane » : attention, contresens ! La musique peut adopter, comme je le souligne, deux fonctions bien spécifiques, profane ou religieuse. Pas de rejet, bien entendu, mais des rôles différents, avec des objectifs différents, devant des assemblées différentes et dans des lieux différents. La pluralité fonctionnelle de la musique est extraordinaire !
Désolée pour l’absence de CD : j’ai une chaîne youtube et, en général, au sens large, quand on tape le titre d’une oeuvre, des interprétations seront proposées sur le net (dont youtube). Donc, mille excuses, et il y aura un enregistrement la prochaine fois, en plus des partitions !
« en mètre par seconde, une en Hertz et une autre en dB (décibels) » : non, attention ! jamais de mètres par seconde !!! là, il y a erreur d’interprétation : je rappelle que la valeur métronomique correspond au nombre de battements métronomiques (MM métronome de Maelzel) par seconde. Oui, on mesure la fréquence (« hauteur ») des sons en hertz (mesure physique), l’intensité (« volume ») en décibels (échelle logarithmique correspondant à la perception du volume), ce sont des notions séparées – et des paramètres qui s’appliquent au même son.
L’étude de la notation musicale est très simple quand on domine bien les paramètres acoustiques – tout coule de source, malgré quelques méandres issus d’une histoire chargée !
L’important reste la prégnance et la puissance du son mental qui, comme je le souligne, oriente et incline toute la pensée.
C’est, d’ailleurs, le premier livre écrit sur le son mental et ses effets.
On a fait plusieurs émissions, sur radio Aviva, sur mes livres :
http://www.radio-aviva.com/nos-emissions-podcasts/litterature-bd/marque-page/
et vous avez une présentation vidéo de « Essai sur le son mental » sur le site des Editions l’Harmattan :
https://www.youtube.com/watch?v=2ZblHoeUghs : voici le texte qui sert de base à cette présentation :
Notre pensée est primordialement « son », « son mental », « image sonore mentale », et devient « paysage sonore » individuel à mesure que s’élabore ce « chant intérieur » que forge continuellement notre discours mental.
Ledit son mental ayant des propriétés énergétiques, pulsionnelles, mélodiques, polyphoniques et dynamiques :
1) En tant qu’énergie vibratoire, l’image sonore mentale, au plus profond de notre organisme, revêt très exactement la même qualité ondulatoire et les mêmes paradigmes que le son physique. Nous soulignons les correspondances entre notre figuration sonore mentale et le son créateur universel, notamment à travers une suite d’expériences qui part des « figures » de Chladni et de la géométrie platonicienne.
2) Sous son aspect multi-périodique, le substrat sonore mental émane d’une organisation temporelle non linéaire et formellement holistiquement structurée. Il s’établit d’autre part dans la continuité de l’ensemble des pulsations organiques, alliant notamment identiquement binarité et ternarité, et superposant de la même façon une polymétrie accentuelle à plusieurs ostinatos rythmiques, ce complexe algorithme fondateur sous-tendant l’ensemble de l’articulation et des motifs rythmiques.
3) Le paysage sonore mental est mélodiquement et polyphoniquement organisé : l’énergie vibratoire sonore mentale combine l’analogie des motifs mélodico-rythmiques et la logique discursive directionnelle de l’intention causale (par exemple, dans la fonctionnalité de la phrase ponctuée). D’autre part, le son mental englobe depuis les premières formules monodiques jusqu’aux figurations polyphoniques les plus complexes, d’ordre conjointement contrapuntique et harmonique. Dans la pensée la plus logique et la plus discursive en effet, le niveau analogique des « motifs » mélodico-rythmiques, c’est-à-dire de la « musique des mots » en tant que telle, conserve un rôle puissamment organisateur, remodelant le plus souvent à notre insu toute la conduite de notre raisonnement – à noter, tout particulièrement, le rôle immensément fondateur de l’évocation de notre patronyme, qui colore puissamment notre environnement langagier, et ce, depuis notre naissance. De la même façon, les liens sont étroits entre l’émergence de nos sentiments et l’élaboration de notre « chant intérieur », ligne mélodique constituée de tensions et de détentes tout à fait analogues aux vagues d’énergie auxquelles nous porte notre intelligence émotionnelle. On peut leur associer la prégnance mentale de la marche, dans l’univers physique : dans l’exact tempo andante, l’activité cérébrale s’avère principalement d’ordre discursif ; dans des tempi plus rapides ou plus lents, l’intelligence émotionnelle prend le dessus. A remarquer : c’est au plan des motifs analogiques sous-jacents que s’élabore notre potentiel logique, autant individuellement – psychologiquement, qu’historiquement, tout au long de l’évolution de la pensée.
Pour exemple, nous étudions ici quatre stades évolutifs de la pensée et de la musique occidentales : d’une part, au Moyen-Age, la correspondance qui s’établit entre la monodie et une première cosmologie très unitaire ; puis, à la Renaissance, le passage d’une polymélodie complexe d’ordre contrapuntique à l’élaboration d’une pensée elle aussi rendue polyphonique – dans une dimension analogique et prélogique ; ultérieurement, à l’époque classique, un mouvement qui mène de l’élaboration de la fonctionnalité harmonique à l’accession à une discursivité d’ordre logique – celle de la phrase ponctuée par exemple, et à la théorisation des normes modernes de la causalité scientifique ; enfin, une dernière évolution de ladite élargie fonctionnalité à l’émergence et à la complexification d’un « je » qui émane d’une intelligence sentimentale polymorphe et lucide, rendue consciente de l’imbrication de tous les plans de la personnalité incessamment concomitamment mis en jeu, des plus conscients aux plus inconscients.
Lorsque nous combinons « résonance » et « raisonnement », nous utilisons beaucoup plus pleinement notre potentiel mental que lorsque nous dissocions l’intellect de l’intelligence d’ordre intuitif et notamment sentimentale et, ce faisant, nous syntonisons spontanément l’activité de nos deux hémisphères cérébraux. Ce qui se produit immédiatement dans toute pratique musicale.
4) Enfin, le paysage sonore mental possède des propriétés d’ordre dynamique : il est timbré, coloré, en mouvement et même en constante expansion d’ordre spiralé….Ce microcosme s’érige en reflet du macrocosme dont il apparaît comme le vivant et vibrant miroir. C’est en ce sens que nous sommes pleinement co-créateurs de cet hologramme informé qui émane de l’Intelligence cosmique impersonnelle. Nous abordons ici depuis la physique quantique jusqu’aux actuelles théories informationnelles.
Au-delà d’une approche strictement comportementale, nous définissons l’intelligence musicale comme l’aptitude à conscientiser tous les aspects sonores de la pensée, même et surtout en l’absence de toute extériorisation physique, et, non seulement donc à s’approprier et manipuler rythmes, lignes mélodiques et combinatoires polyphoniques, mais, surtout, à analyser et créer en pleine conscience tous les paramètres de cette énergie vibratoire complexe que forme véritablement le « paysage sonore mental ». Plus le « son mental » est riche et caractérisé d’une part, en même temps qu’analysé et volontairement conduit d’autre part, mieux le flux de pensée peut se structurer et se complexifier, tout en accédant spontanément à un plan supérieur de réflexivité.
L’étude du substrat sonore de notre pensée ouvre sur des applications thérapeutiques et, dans tous les cas, une conscientisation de ce substrat est immédiatement facteur de développement personnel.
Lorsque s’établit une parfaite coïncidence entre notre fréquence fondamentale corporelle propre et notre discours intérieur, aux plans sonore et musical, notre cohérence organique nous est beaucoup mieux apparente et elle devient ce socle identitaire au fort potentiel synergétique sur lequel nous pouvons fonder toute notre expérience. Par l’élaboration consciente de notre son mental, passant analytiquement du « mot » au « motif », nous pénétrons spontanément dans les archétypes de l’ « âme » mythique collective et notre corps vibre enfin à des fréquences tellement plus élevées que dans le quotidien que nous accédons à un état de libération, de façon totalement analogue à ce qui se produit dans toutes les formes de méditation et de prière, au sens le plus large, au sein desquelles nous percevons autant notre commune unicité originelle que l’intime cohésion de l’Univers et de nos destinées.
Un immense merci à vous pour votre belle lecture !
Juste un dernier constat (après, le livre se suffit à lui-même) : nous, compositeurs et interprètes, nous vivons de sons mentaux : qui ont exactement les mêmes propriétés que les sons physiques – c’est là tout l’objet de ma recherche.
Nous vivons d’ailleurs tous sans exception de sons mentaux (la moindre pensée en déclenche) : je démontre qu’une pleine et entière maîtrise du substrat sonore de notre pensée est essentielle autant à notre développement personnel qu’à l’approfondissement de notre savoir et de notre réflexion.
Notre pensée est primordialement « son », « son mental », « image sonore mentale », et devient « paysage sonore » individuel à mesure que s’élabore ce « chant intérieur » que forge continuellement notre discours mental.
Ledit son mental ayant des propriétés énergétiques, pulsionnelles, mélodiques, polyphoniques et dynamiques :
1) En tant qu’énergie vibratoire, l’image sonore mentale, au plus profond de notre organisme, revêt très exactement la même qualité ondulatoire et les mêmes paradigmes que le son physique. Nous soulignons les correspondances entre notre figuration sonore mentale et le son créateur universel, notamment à travers une suite d’expériences qui part des « figures » de Chladni et de la géométrie platonicienne.
2) Sous son aspect multi-périodique, le substrat sonore mental émane d’une organisation temporelle non linéaire et formellement holistiquement structurée. Il s’établit d’autre part dans la continuité de l’ensemble des pulsations organiques, alliant notamment identiquement binarité et ternarité, et superposant de la même façon une polymétrie accentuelle à plusieurs ostinatos rythmiques, ce complexe algorithme fondateur sous-tendant l’ensemble de l’articulation et des motifs rythmiques.
3) Le paysage sonore mental est mélodiquement et polyphoniquement organisé : l’énergie vibratoire sonore mentale combine l’analogie des motifs mélodico-rythmiques et la logique discursive directionnelle de l’intention causale (par exemple, dans la fonctionnalité de la phrase ponctuée). D’autre part, le son mental englobe depuis les premières formules monodiques jusqu’aux figurations polyphoniques les plus complexes, d’ordre conjointement contrapuntique et harmonique. Dans la pensée la plus logique et la plus discursive en effet, le niveau analogique des « motifs » mélodico-rythmiques, c’est-à-dire de la « musique des mots » en tant que telle, conserve un rôle puissamment organisateur, remodelant le plus souvent à notre insu toute la conduite de notre raisonnement – à noter, tout particulièrement, le rôle immensément fondateur de l’évocation de notre patronyme, qui colore puissamment notre environnement langagier, et ce, depuis notre naissance. De la même façon, les liens sont étroits entre l’émergence de nos sentiments et l’élaboration de notre « chant intérieur », ligne mélodique constituée de tensions et de détentes tout à fait analogues aux vagues d’énergie auxquelles nous porte notre intelligence émotionnelle. On peut leur associer la prégnance mentale de la marche, dans l’univers physique : dans l’exact tempo andante, l’activité cérébrale s’avère principalement d’ordre discursif ; dans des tempi plus rapides ou plus lents, l’intelligence émotionnelle prend le dessus. A remarquer : c’est au plan des motifs analogiques sous-jacents que s’élabore notre potentiel logique, autant individuellement – psychologiquement, qu’historiquement, tout au long de l’évolution de la pensée.
Pour exemple, nous étudions ici quatre stades évolutifs de la pensée et de la musique occidentales : d’une part, au Moyen-Age, la correspondance qui s’établit entre la monodie et une première cosmologie très unitaire ; puis, à la Renaissance, le passage d’une polymélodie complexe d’ordre contrapuntique à l’élaboration d’une pensée elle aussi rendue polyphonique – dans une dimension analogique et prélogique ; ultérieurement, à l’époque classique, un mouvement qui mène de l’élaboration de la fonctionnalité harmonique à l’accession à une discursivité d’ordre logique – celle de la phrase ponctuée par exemple, et à la théorisation des normes modernes de la causalité scientifique ; enfin, une dernière évolution de ladite élargie fonctionnalité à l’émergence et à la complexification d’un « je » qui émane d’une intelligence sentimentale polymorphe et lucide, rendue consciente de l’imbrication de tous les plans de la personnalité incessamment concomitamment mis en jeu, des plus conscients aux plus inconscients.
Lorsque nous combinons « résonance » et « raisonnement », nous utilisons beaucoup plus pleinement notre potentiel mental que lorsque nous dissocions l’intellect de l’intelligence d’ordre intuitif et notamment sentimentale et, ce faisant, nous syntonisons spontanément l’activité de nos deux hémisphères cérébraux. Ce qui se produit immédiatement dans toute pratique musicale.
4) Enfin, le paysage sonore mental possède des propriétés d’ordre dynamique : il est timbré, coloré, en mouvement et même en constante expansion d’ordre spiralé….Ce microcosme s’érige en reflet du macrocosme dont il apparaît comme le vivant et vibrant miroir. C’est en ce sens que nous sommes pleinement co-créateurs de cet hologramme informé qui émane de l’Intelligence cosmique impersonnelle. Nous abordons ici depuis la physique quantique jusqu’aux actuelles théories informationnelles.
Au-delà d’une approche strictement comportementale, nous définissons l’intelligence musicale comme l’aptitude à conscientiser tous les aspects sonores de la pensée, même et surtout en l’absence de toute extériorisation physique, et, non seulement donc à s’approprier et manipuler rythmes, lignes mélodiques et combinatoires polyphoniques, mais, surtout, à analyser et créer en pleine conscience tous les paramètres de cette énergie vibratoire complexe que forme véritablement le « paysage sonore mental ». Plus le « son mental » est riche et caractérisé d’une part, en même temps qu’analysé et volontairement conduit d’autre part, mieux le flux de pensée peut se structurer et se complexifier, tout en accédant spontanément à un plan supérieur de réflexivité.
L’étude du substrat sonore de notre pensée ouvre sur des applications thérapeutiques et, dans tous les cas, une conscientisation de ce substrat est immédiatement facteur de développement personnel.
Lorsque s’établit une parfaite coïncidence entre notre fréquence fondamentale corporelle propre et notre discours intérieur, aux plans sonore et musical, notre cohérence organique nous est beaucoup mieux apparente et elle devient ce socle identitaire au fort potentiel synergétique sur lequel nous pouvons fonder toute notre expérience. Par l’élaboration consciente de notre son mental, passant analytiquement du « mot » au « motif », nous pénétrons spontanément dans les archétypes de l’ « âme » mythique collective et notre corps vibre enfin à des fréquences tellement plus élevées que dans le quotidien que nous accédons à un état de libération, de façon totalement analogue à ce qui se produit dans toutes les formes de méditation et de prière, au sens le plus large, au sein desquelles nous percevons autant notre commune unicité originelle que l’intime cohésion de l’Univers et de nos destinées.
L’auteur
Colette Mourey
QUESTIONS
La science s’intéresse-t-elle au « son mental » ?
Lors de mes études, lorsque je mentionnais cette existence du « son mental », j’étais constamment confrontée à la négation du phénomène et à un désintérêt évident. Actuellement, dans notre culture bien élargie, la problématique n’apparaît plus comme incongrue. Il y a, en ce moment, suite aux travaux de Howard Gardner, en 1983, sur les intelligences multiples, de nombreuses recherches convergentes sur l’intelligence musicale. Par contre il n’existe pas encore de recherche spécifique sur le sujet très particulier que j’aborde ici, le « son mental », les scientifiques, dans l’ensemble, continuant à se pencher beaucoup plus sur le son physique que sur l’ « image mentale sonore », et l’intelligence musicale elle-même étant définie le plus souvent de façon comportementaliste, alors que j’accorde la priorité à l’analyse et à la conscientisation de notre « chant intérieur » qui supporte l’ensemble de notre figuration mentale sonore.
Quels sont les apports spécifiques de cette étude ?
Parmi les données inédites, ici, c’est le constat réitéré que les schèmes sonores algorithmiques qui sous-tendent l’acte de pensée entretiennent de constantes interrelations avec le plan mental discursif : le discours, dont les figures basiques sont fondées par un séquencement fractal, n’accède que secondairement à la fonctionnalité directionnelle causale, tandis que les deux phénomènes concomitants restent indissociables.
Je montre, à partir de là, l’essentialité de ces deux pôles mis en jeu par le discours mental. Dans le discours musical tout particulièrement, la combinaison équilibrée de l’analogie et de la dimension logique conduit spontanément à la syntonisation fonctionnelle des deux hémisphères cérébraux – syntonisation que l’on retrouve, de fait, dans tout acte de pensée, lorsque l’intellect et l’intelligence sensible, intuitive et émotionnelle s’y recombinent pour en forger les concepts.
Si je prolonge l’étude de façon historique, c’est à cause de la similarité continuelle entre le langage musical de chaque civilisation et la cosmogonie qui s’en avère corollaire. On progresse ainsi d’une dominance de la « pensée magique » analogique, combinant invocation et évocation au plan des « motifs » et des « mots », à la primauté du « raisonnement » contemporain toutefois sans cesse redimensionné par les recherches scientifiques actuelles.
L’évolution psychologique enfantine s’effectue de façon tout à fait semblable : la prégnance de la figuration « ludique » cède le pas, à l’âge adulte, à une pensée conceptuelle d’ordre beaucoup plus abstrait, qui reste cependant synergétique et qu’il ne faut surtout pas réduire au seul fonctionnement de l’intellect.
Quelles sont l’originalité et la nouveauté de la démarche ?
Sans que j’en aie eu pleinement conscience au départ, il s’agit d’une investigation synthétique, très pluridisciplinaire, qui relie tout particulièrement la musicologie à l’holisme d’une part, et aux découvertes récentes en physique quantique, notamment les théories informationnelles de la nature de l’univers. Du coup, effectivement, je signerais le premier ouvrage de « musicologie quantique » !
Le mot de la fin ?
Le constat qui s’impose reste la primauté de la pensée musicale et de l’éducation musicale et musicologique : voie d’accès royale vers toute forme de communication et de culture !
« je rappelle que la valeur métronomique correspond au nombre de battements métronomiques (MM métronome de Maelzel) par seconde » : par minute, bien sûr ! je me suis laissée entraîner par le texte précédent. Mille excuses !
Recension de Edith Weber, musicologue :
Colette MOUREY : Essai sur le son mental. De résonner… à raisonner ! (Préface d’Édith Weber), Paris, L’HARMATTAN (www.harmattan.fr ), 2016, 140 p. – 15, 50 €.
Colette Mourey est connue des lecteurs de L’Éducation musicale (cf. Lettre d’information n°101, mars 2016, avec la recension de L’intelligence musicale, livre amorçant déjà le présent essai). À la fois chercheur indépendant en Musicologie et guitariste de haut niveau, elle a été longtemps professeur de didactique et d’esthétique de la musique à l’Université de Franche-Comté (Besançon) et a participé à la formation des futurs professeurs à l’École supérieure du Professorat et de l’Éducation (ÉSPÉ). Compositeur prolifique ; on lui doit plus de 1000 compositions pour guitare, violoncelle, piano… (parues, en Suisse, dans sa collection aux Éditions Marc Reift).
Dans sa précédente publication — partant du point de vue que l’intelligence musicale est « doublement rationnelle et intuitive » —, elle démontre que « l’audition est à la fois de caractère subjectif et objectif » et nécessite une attention « aiguisée, forgée par la volonté » devant être longuement soutenue, puis met l’accent sur la finalité : l’éducation auditive réflexive. Dans le présent ouvrage, comme le précise notre Préface (p. 11-13) : elle étudie le « son mental » sous divers angles d’attaque, souligne l’existence de ce phénomène, définit son champ d’action et cerne la musique associée à la réflexion et à la pensée. Elle se réclame de la transversalité et de latransdisciplinarité, et insiste sur l’indispensable attention mentale auditive et sur l’éducation auditive réflexive, autrement dit formant le trinôme : Musique-Réflexion-Pensée. Sa démarche s’appuie, d’une part, sur la physique quantique, la dimension algorithmique dans le sillage des fractales, d’après Benoît Mandelbrot qui, comme elle le rappelle, « introduit l’analogie (la résonance) dans le raisonnement » : d’où le titre de ce livre très neuf : Essai sur le son mental – De Résonner… à Raisonner ! et, d’autre part, sur l’holisme selon Jan Christian Smuts (du grec holos, signifiant « entier »). Elle étudie donc le phénomène dans sa globalité (et non par paramètres additionnés) et au sens d’un ensemble indivisible. Elle fait intervenir le passage de la métrique à la logique ; de la mélodie à l’émotion ; de la polyphonie aux architectures mentales, puis développe les sons de la pensée et, finalement, confirme le rôle spécifique de l’intelligence musicale (cf. publication précédente), c’est-à-dire : l’intelligence rythmique, l’intelligence mélodique et l’intelligence polyphonique.
Si le son « résonne », il force aussi le lecteur à « raisonner », il ne s’agit pas d’un simple jeu de mots phonétique. En connaissance de cause et dans une optique transversale et transdisciplinaire, Colette Mourey affirme (cf. 4e de couverture) : « C’est par et au sein de l’élaboration en toute conscience de notre paysage sonore mental que nous devenons à part entière des êtres de création : auteurs des mondes que nous projetons, et dans lesquels nous expérimentons toute la mesure de notre liberté, par-delà les frontières de tout univers connu et inconnu. » Elle n’a pas fini de nous étonner. Auteur prolifique à suivre.
Édith Weber