Le fils de mille hommes
Les personnages de ce roman sont Portugais comme l’auteur et pourtant je me permettrai de leur trouver un air de parenté avec ceux d’Emir Kusturica (vous avez vu au moins un de ses films). Sans doute parce qu’ils ne roulent pas sur l’or et qu’ils sont pétris à la fois de superstitions et de foi. L’une jouant avec l’autre.
Dans un petit village en bord de mer vit Crisostomo, pêcheur solitaire. Il adopte, en se disant simplement son père, Camillo, l’enfant rejeté par tout le village dont la mère, une naine qui ne savait qui était le père, est morte en lui donnant le jour. Camillo est doué pour les mathématiques et va à l’école. Et, un jour, il dit à son père qu’il doit se marier. Ils ont été rejoints par Isaua qui a perdu trop tôt et sans le vouloir son pucelage et a, en désespoir de cause, épousé Antonino le fils de Matilde qui est un homme efféminé. Et, bien sûr, ces « gens » hors normalité, différents, nés du rejet des autres sont en butte à ces mêmes autres. Ils sont soumis à une énorme violence verbale et subissent physiquement ce rejet. On pourrait les voir comme les boucs émissaires des turpitudes des autres. Ce n’est pas nous, ce sont eux qui sont cause de tout. Heureusement, ces « malheureux » s’assument, prennent conscience d’eux-mêmes et vivent… ce qui bien sûr « sauve » leurs « tourmenteurs ».
C’est écrit avec humour, un humour discret, subtil qui moque les braves gens et soutient les différents… C’est écrit avec une certaine poésie – comme chez Kusturica.
Une lecture jubilatoire qui rend le noir, le drame moins lourd à porter, à supporter. Ce qu’il faut au lecteur. Tout est presque suggéré dans l’illustration de couverture où l’on notera l’absence d’humains, ces humains « normaux » qui parfois/souvent empêchent de vivre en bonne intelligence avec soi-même.
Bonne lecture.
Le fils de mille hommes
Auteur : Valter Hugo Mae
Editeur : Métailié
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