J’aime et je n’aime pas cette couverture et son illustration. J’aime sa sobriété et sa finesse, mais je n’aime pas cette couverture toute blanche que des traces de doigts ou autres vont bientôt dénaturer, surtout si vous aimez le contenu. Et il y a de quoi.
Si par hasard ou malchance vous n’entrez pas directement dans le récit, ne lâchez pas le livre pour autant. Si vous avez l’impression que le style a un côté enfantin, rédaction scolaire, n’abandonnez pas la lecture. Vous finirez par être porté, par suivre le rythme des phrases par ne plus voir que les mots se répètent comme une lente mélopée. Vous serez dans la chanson et en même temps, même si vous n’êtes pas montagnards, vous chanterez. C’est un peu lent au début mais il faut se laisser pénétrer de la sensualité des lieux. Il faut laisser le paysage et les êtres (même Ariel et Petite étoile) prendre possession de vos sens : la vue (les paysages), le toucher (la marche, le vent), l’ouïe (le vent, les cloches au cou des vaches, le sifflement de la marmotte), l’odorat (une odeur d’eau fraîche, les soupes), le goût (le vin, le pain…). Et là, seulement là, vous savourerez le trio que forment au moins une fois l’an : Paul, Jonas et Galel quand ils se retrouvent au refuge de la Baïta. Et il vous faudra bien ça pour comprendre ce qui se passe dans la tête de ces trois hommes, Galel qui boîte, Paul qui ne marche plus et Jonas qui marche moins. Un peu comme si la perte d’une ou deux des sensations évoquées plus haut entraînait la perte des autres et provoquait une douleur indicible. Vous pourrez alors vous attarder sur le regard attendri que jette Jonas sur les participants à son ‘Tour’, sur le comportement d’un autre groupe ou sur les attitudes des bêtes…
C’est d’une rare densité et j’ose croire que cela peut donner envie parce que c’est écrit avec une simplicité qui n’a rien de simple. Prenez un bon bol d’air trempé d’humanité. Bonne lecture.
Galel
Auteure : Fanny Desarzens
Editeur : Slatkine
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