Sous l’impulsion de Florian Menoud alias Magic Flo, une belle brochette d’artistes bouillonnants d’inventivité se sont donnés rendez-vous à Onex ce 24 octobre pour un voyage mémorable, suspendu entre poésie et rire, fascination et surprises. Un instant hors champ qui a su séduire les enfants de tous les âges.
Ben Delf, magicien d’habitude, maître de cérémonie pour l’occasion, n’a pas son pareil pour égayer la foule et transmettre son énergie communicative. Entre les numéros tous plus dingues les uns que les autres, il maintient le public en haleine et ce n’est pas une mission d’une simplicité enfantine, oh non ! Ainsi, après quelques échauffements, l’animateur présente le premier magicien et pas le moindre…Mesdames et Messieurs, Julien Sonjon !
Les plus chanceux auront eu l’occasion de le voir dans « un spectacle de type magie. » avec lequel il a cartonné sur bon nombre de scènes. Avec ou sans moustache, ce magicien explosif au look hybride entre Dupontel et l’intello de service, détonne par maintes tours de passe-passe. Maniant les vannes aussi vite que son débit de parole, Julien se sert de l’humour pour donner une empreinte toute particulière à ses numéros très variés tels que mentalisme, jeu de cartes et encore bien d’autres. Ainsi, il se présente comme un magicien aux tours foireux avant de subjuguer l’auditoire par sa maestria du mentalisme, entre autres. A l’instar de ses camarades, ses numéros amènent beaucoup le public à participer pour notre plus grand plaisir.
Lui succède Magic Flo, instigateur du festival. Sur une musique pénétrante, poésie et émerveillement se partagent la préférence. Les foulards colorés se nouent, se mélangent et se transforment pour mieux nous surprendre; des anneaux blancs se colorent au contact d’une étoffe. Plus que magiques, les accessoires semblent désormais animés d’un pouvoir propre que la main du magicien fait surgir. Que dire de ces ombrelles multicolores jaillissant d’un simple cylindre ? Magic Flo tel un peintre très inspiré, agrémente sa toile de toujours plus de nuances et de surprises. Un tourbillon de couleurs, de fantaisies où tout semble possible nous emporte dans ce numéro d’une grande délicatesse.
Le spectacle s’enchaîne, entrecoupé des intermèdes cocasses de Ben Delf souvent accompagné de Mister Blanc et parfois même de bénévoles qui se voient endosser des rôles comiques par surprise ! Rendez-vous à présent avec l’imaginaire poétique de Pierre Savioz. Ce dernier nous fait quitter la terre ferme et nous embarque à bord d’une mongolfière invisible ô combien réelle cependant ou encore nous enseigne l’art de pêcher à la ligne une carte à jouer sans aucun matériel. Et si l’essentiel était le rêve ? Car à la fin de l’histoire, ce sera tout de même la carte devinée qu’on retrouve dans la poche du magicien, bluffant ainsi toute l’assemblée. On n’y croit pas nos yeux !
Passons à un numéro très atypique comme l’annonce Ben Delf. Carrure sportive, gainée de noire, Mickaël Bellemene apparait et colle d’entrée à la musique à moins que ce ne soit elle qui s’empare de son corps. Difficile à dire quand on voit une telle fluidité, une telle harmonie entre le mouvement, le rythme, les accessoires. Tandis que les notes de piano se dispèrsent comme une pluie fine, la boule transparente épouse le contours des bras, des épaules, parait même flotter entre les mains à certains moment et finit par trôner hardiment au sommet du crâne de son dompteur ! Puis, l’ambiance change. La mélodie devient éléctro aux vibrations syncopées. Les cerceaux s’affolent sous les gestes vifs du danseur, coulissent d’une épaule à l’autre avec une rapidité à couper le souffle. Mais Mickaël que l’on devine ambitieux, fait monter d’un cran la difficulté en accélérant le tempo tout en maniant le bilboquet à une allure folle et pourtant en totale maîtrise. Un numéro époustouflant !
Comment faire naître des créatures parlantes avec du plastique ? Comment animer un personnage en partant d’une matière morte ? Réponse en image avec Zebrano aussi connu sous le nom de Cédric Perret. Distingué par deux premiers prix au Swiss Balloon Jam, le neuchâtelois se livre à une démonstration ébouriffante sous les regards ébahis des petits et des grands. De ses gestes très assurés, virevoltants, précis naissent des figures toutes plus improbables les unes que les autres en un temps record : guitare, poisson bicolore, lunettes de soleil, fleur prête à être butinée par une abeille mutine et même la Panthère rose en personne ! Impressionnant !
Nicolas, quant à lui, nous propose un numéro de mentalisme pur et dur. Grand fan du jeu d’échecs, il nous fait part de sa passion dans une petite introduction émaillée d’humour et aussi instructive. Désireux de laisser le sort s’exprimer plutôt que de désigner lui-même des volontaires, il opte pour le lancer de boulettes en papier dans l’assemblée. Hélas, le sort lui envoie quatre enfants et un seul adulte, contrariant son souhait d’avoir des adultes sur scène. Il s’execute toutefois et tente de décrypter qui bluffent et qui dit la vérité. Pas simple dans ces conditions mais le mentaliste s’en sort tout de même bien en tombant juste pour quelques participants.
Il pourrait être un cousin éloigné de Mister Bean comme l’a laissé entendre Ben Delf mais il est plus énigmatique et troublant. De son visage à la fois placide et rêveur tel un nouveau Pierrot, Mister Blanc nous offre un joli morceau de poésie comique sans prononcer la moindre parole. Entre mime, escamotage d’objets, réapparitions soudaines, éclosions inexpliquées ou duplication de petits lapins et emberlificotage de cordes, tout ça parsemé de drôleries au rythme d’un générique de film à la Louis de Funès, le rire est garanti. Chapeau bas !
Et voici à présent Mister Lemon, Guillaume pour les intimes. Issu de la région lyonnaise, ce magicien illusionniste mentaliste actif depuis 2005 sait capter l’attention de son auditoire d’entrée de jeu par sa présence. Le meilleur reste à venir. Armé d’un sérum puissant et avec l’aide d’un volontaire choisi dans le public, il désire donner à ses citrons la force et la taille nécessaires. Or, ceux-ci se multiplient, réctrécissent ou grossissent au fil des numéros. On écarquille les yeux, on cherche, on y comprend rien, on reste bouche bée et c’est bien le but du jeu. On navigue dans le merveilleux autant dire qu’il ne sert à rien de chercher le rationnel. Mais Mister Lemon, lui, sourit dans sa barbe…
Ce Festival ambitieux regroupant neuf artistes se conclut sur les prestations exceptionnelles de Jad, le manipulateur. Couronné par moult prix et récompenses dont notamment le Merlin Award, cet artiste fribourgeois ne passe pas inaperçu. Accoutré à la manière d’un banquier, Jad a pour accessoires écran et objets. Ceux-ci passent tantôt à travers l’écran, tantôt se désagrègent par le feu tout ça en rythme avec la musique. L’audience, subjuguée, retient son souffle. En deuxième partie de ce numéro mené de main de maître, nous avons droit à un moment de franche rigolade avec la manipulation de personnes. Un couple aux yeux bandés tente de deviner l’objet qu’il touche. En les questionnant, Jad recueille des réponses et certitudes pour le moins déconcertantes ! Rires en cascades garantis ! En troisième et dernière partie, Jad décide de nous conter ses mésaventures genevoises. Il le fait d’une manière très bien amenée et inattendue. Une casquette vissée à l’envers et l’illusionniste s’évapore pour… devenir rappeur ! Tout en rappant sur la musique, Jad poursuit son numéro avec trois cartes géantes vierges et un seul as. Le jeu est bien sûr de préssentir où est l’as. Sauf que Jad est l’infortuné de l’histoire et prend une leçon en toute humilité.
Sous un délire d’applaudissements, le voyage vers l’émerveillement s’achève après deux heures de spectacle. On repart avec de belles images en pagaille, quelques confettis, un ballon pour les plus audacieux mais surtout la sensation très nette d’avoir quitté la terre pour un temps. Merci à tous les artistes et bénévoles ! Que le spectacle continue !
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