Suite des aventures de Kratos en terre nordique qui avait fait un tabac en 2018 (Game of the Year Award inclus), God Of War Ragnarök ne change rien à une recette qui avait réussi, mais l’améliore par petites touches. En résumé, si vous avez apprécié le dernier God Of War, vous pouvez sauter les yeux fermés sur ce jeu. Pour ceux qui n’ont pas eu la chance de suivre les premières aventures paternelles du dieu de la guerre, suivez les quelques prochaines lignes pour savoir de quoi il en retourne exactement.
Retournons dans le passé de quelques années, plus précisément 17 ans. Sort alors le premier opus de God Of War, où Kratos, le héros, un soldat sparte parmi tant d’autres, est sélectionné (et trahi) par les dieux. Ainsi commence une quête de revanche étendue sur 9 jeux et 6 consoles différentes. Après avoir nettoyé de fond en comble l’Olympe de ses occupants, Kratos décide de prendre une retraite bien méritée et décide de s’exiler quelque part au nord et de refaire sa vie. Ainsi, il se remarie et a un fils Atreus qui arrive gentiment dans l’adolescence.
Le premier opus de l’axe nordique de la série avait pour but de faire découvrir la relation père-fils ainsi que comment Kratos vit avec le souvenir de ses tueries passées. Le jeu s’ouvre sur la mort de sa femme et Kratos et Atreus partent à l’aventure avec le but de dissiper les cendres de la défunte sur la plus haute montagne du coin. Bien entendu, tout ne se passe pas comme prévu et les dieux nordiques ne sont pas super enthousiastes à l’idée d’accueillir le tueur de dieux dans leur coin de pays. Le héros n’étant pas un pro de la négociation, il décide de faire parler sa hache et se fait quelques ennemis au passage. A la fin de God Of War 1er du nom (attention, spoiler, sautez au prochain paragraphe si vous ne souhaitez rien savoir), on apprend que la mère d’Atreus était une géante (faisant donc de Atreus un mi-géant, mi-dieu), que son vrai nom est Loki et que Kratos est sensé mourir ! Ellipse de 5 ans et God Of War : Ragnarök commence. On retrouve un Kratos bien calme accompagné d’un Atreus extrêmement curieux car se demandant d’où il vient et quel est son destin. Adolescence oblige, ce dernier est extrêmement fougueux et agressif, ce que son père ne voit pas d’un très bon oeil étant donné ce que cela lui a rapporté par le passé. Autre petit détail, les actions du précédent jeu ont engendré le Fimbulwinter, un hiver de 3 ans qui précède le Ragnarök, soit la fin des temps. Et nous voilà suivant les aventures d’Atreus et Kratos, cherchant à éviter à tout prix le Ragnarök.
Bien qu’il y ait un contexte épique au scénario et à la narration (arrêter la fin des temps, ce n’est pas rien), le jeu est en fait principalement centré sur la relation entre Kratos et son fils ou plutôt sur la relation entre un père et son fils qui ne l’écoute pas tout le temps. Kratos se renferme de plus en plus dans son silence, sans exprimer réellement ses émotions et cherchant à contrôler au maximum les faits et gestes d’Atreus, ce qui va engendrer des tensions et des moments forts en sentiments durant le jeu. Atreus le dit lui-même durant le jeu : « Moi, mon père m’a appris à fermer mon coeur à la douleur ».
Un jeu où ça tape dur!
Comme les opus précédents, Ragnarök est un jeu d’action-aventure à la troisième personne lorgnant (très) légèrement du côté du jeu de rôle. Et un jeu dans lesquels il y aura énormément de combats qui seront au coeur du gameplay avec juste assez d’exploration pour faire travailler un minimum le cerveau. Heureusement, les combats sont assez bien faits pour ne pas ennuyer les joueurs. Les coups sont lourds ou rapides selon l’arme utilisée, beaux, ont un impact et un sound design des plus intéressants. De plus, afin de varier les plaisirs, vous aurez directement accès aux lames du chaos en plus de votre hache de glace et votre bouclier. Cela vous obligera donc à bien penser les combats et profiter des faiblesses ennemies afin de pouvoir les dessouder plus rapidement.
Les indications données lors des combats sont toujours relativement utiles. Des flèches au sol vous indique les ennemis proches autour de vous et passent au rouge lorsqu’ils attaquent, vous permettant de faire une roulade afin d’éviter l’attaque. Quant aux ennemis qui vous font face, des indications vous montre si l’attaque ennemie est inarrêtable (mais évitable), parable ou si alors vous pouvez contre-attaquez afin de bloquer l’attaque ennemie. Ça a l’air compliqué, mais en réalité, c’est très simple et assez intuitif.
Vous pourrez aussi demander à Atreus de tirer des flèches sur vos ennemis afin de les déstabiliser. Petite nouveauté : Atreus maintenant est un personnage à part entière et pas juste un compagnon et a donc accès à son propre arbre de compétences et choix d’armes.
A noter que le jeu peut être relativement dur dans les difficultés les plus hautes, vous obligeant vraiment à utiliser toutes les compétences et à éviter les attaques ennemies au maximum, mais les joueurs qui souhaitent profiter de l’histoire peuvent mettre la difficulté la plus basse et ne pas se prendre la tête, profitant juste de la narration qui est réellement magnifique (et je ne pensais pas dire ça d’un God Of War).
Petit défaut du jeu, la caméra fait un peu des siennes par moment, surtout après une esquive, ce qui ne nous facilite pas vraiment la tâche, surtout lorsque l’on est entouré de 5 ennemis. Ceci sans compter l’autofocus qui marche de manière aléatoire. C’est-à-dire qu’il n’y a pas de boutons pour passer d’un ennemi à un autre, il vous faudra tourner la caméra vers un nouvel ennemi pour pouvoir le viser.
Du jeu de rôle, vraiment?
Et oui, qui dit arbre de compétences, dit compétences à acquérir en dépensant des points d’expérience obtenus en tuant des ennemis ou en réussissant des quêtes principales ou secondaires (mais j’y reviendrai). Du coup, on doit passer un peu de temps dans des menus à rallonges afin de regarder quelle compétence augmenter, ce qu’elle apporte réellement et comment l’activer. Pour être honnête (et c’est vraiment dommage), au final, je montais les compétences sans réfléchir, sans regarder comment les activer exactement et sans savoir ce qu’elles faisaient. Un peu dommage en termes de jeu, mais je ne souhaitais pas perdre de temps dans des menus à comparer les différentes compétences disponibles… Et malheureusement, il en va de même pour les différentes armes, les pièces d’armures, les boucliers, les artefacts, les runes, etc… En gros, ça fera pas mal de temps à passer dans des menus pas toujours intuitifs et qui ne facilitent pas la comparaison entre 2 pièces d’équipement, et bien entendu, chacune des pièces d’équipement est augmentable. Si cela plaira aux aficionados des chiffres, ce n’est malheureusement pas mon cas et j’imagine mal Kratos et sa non-patience légendaire réfléchir à quelle pièce d’équipement il lui faut. En tout cas, personnellement, après avoir ouvert le menu 4-5 fois, je me suis cantonné à monter ma force et ma défense. Heureusement, comme on dit parfois, tant que les chiffres montent, on tape plus fort et on est plus résistants.
On reprend les mêmes et on recommence (ou presque)
Le jeu est très similaire à l’opus précédent, sorti il y a 3 ans avec quelques ajouts majeurs. Entre autres, il y a plus de royaumes visitables et il y a des sortes de mini zones ouvertes où vous pourrez remplir quelques quêtes secondaires qui vous offriront des points d’expérience, du matériel d’upgrade et autre équipement. Si ces quêtes ne sont pas foncièrement super bien écrites, elles permettent toujours d’augmenter un peu le lore du jeu. Cela permet d’avoir des moments plus lents, permettant de s’ouvrir à des dialogues entre les personnages ou encore quelques puzzles qui sont la plupart du temps relativement simples, mais qui parfois sauront être corsés. De plus, ces zones plus ouvertes seront aussi remplis d’endroits qui ne seront débloqués que plus tard dans le jeu, une fois que vous aurez la pièce d’équipement nécessaire. A noter bien entendu que ces zones plus ouvertes ne sont pas obligatoires à la completion du jeu, mais vous aidera à être plus puissant.
Elles font aussi partie des moment plus calmes du jeu qui sait se faire confiance quant à la qualité de son écriture et de son récit. Lors de phases d’exploration, il n’est pas rare d’entendre un personnage secondaire demander à Kratos où il va lorsqu’il sort du chemin principal, et Atreus de répondre du tac au tac: « inspecte les environs, ça lui arrive de temps en temps ». Il y a aussi fréquemment des moments où les personnages se retrouvent et partagent leur pensée autour d’un repas. Un moment inimaginable il y a 15 ans, mais qui a présent rend le jeu particulièrement intéressant. Et il n’est pas rare que les personnages lâchent quelques phrases philosophiques bien pensées, telle que : Peu de choses n’est aussi dangereuses chez un homme que l’absence de doutes. Vous avez 2h et je prends vos copies, merci ! Attention, le jeu n’est pas calme pour autant, mais il a des rythmes très différents, entre les nombreux combats et les moments plus narratifs.
Pour les différents mondes visités, si le 1er jeu restait dans des environnements très similaires, Ragnarök, lui, fait vraiment voyager le joueur et le fait passer à travers les 9 royaumes de la mythologie Norse durant son histoire. Pour rappel, God Of War, premier du nom passait seulement à travers 4 royaumes, dont certains très brièvement. Ainsi vous pourrez visiter en plus Svartalfheim, le royaume des nains, aux accents industriels, le Vanaheim, le royaume des dieux Vanir et pour finir Asgard, le royaume des dieux Aesir. Et il faut noter que Santa Monica Studio, comme à son habitude, nous offre des panoramas magnifiques, même dans des mines.
Si le jeu sort à la fois sur PS5 et sur PS4 ce qui pouvait à l’époque inquiéter les joueurs quant à la qualité du jeu dur PS5, ne vous faites aucuns soucis, le jeu est magnifiques sur PS5, permettant de démontrer la puissance de la bête avec des effets de particules et des petits détails sur lesquels on s’émerveille un peu comme des crétins tels des brins de cordes qui se défont au loin sur un ascenseur, le tout à 120FPS. Sur PS4, l’histoire est différente, poussant la console dans ses derniers retranchements et transformant le ventilateur de la PS4 en un réacteur d’avion en 2.3 secondes.
Au niveau de la musique et du son en général, le jeu fait aussi un sans-faute à ce niveau, avec des thèmes musicaux puissant et un sound design bien intéressant, permettant d’entendre les ennemis venir à distance. A noter que le jeu est entièrement doublé en français et les doublages sont de qualité.
En résumé, les combats sont sympas et percutants, le côté exploration du jeu est chouette (surtout pour le completionniste que je suis), mais ce qui rend le jeu exceptionnel en lui (et que le joueur ne peut trouver nulle part ailleurs), c’est la relation entre Kratos et Atreus. C’est de suivre cette quête d’Atreus pour connaître sa vérité (qui est sa mère, quel est son destin), de se construire en tant qu’homme finalement. Si l’adolescence est une période compliquée de la vie, imaginez ce que cela est lorsque l’on est un demi dieu. Quant à Kratos, il est passionnant de le voir essayer de gérer son fils comme il peut et de le guider vers ce qu’il considère être un idéal d’homme. Et chose qui ne gâche pas le reste, comptez 30-40 heures pour faire le tour complet du jeu.
Les plus :
- Une histoire incroyable, le récit d’un père et de son fils avant celui d’un dieu contre la fin du monde.
- Un monde et des panoramas magnifiques
- Une bande-son qui appuie le jeu
- Des quêtes secondaires scénarisées
- Des combats toujours punchy
Les moins :
- Une caméra et un autofocus parfois capricieux
- Un côté jeu de rôle qui n’apporte pas grand-chose
Développeur : Santa Monica Studio
Editeur : Sony Entertainment
Sortie : 9 novembre 2022
Support : PS4 et PS5
Genre : Action Aventure
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