Je ne sais pas qui a choisi l’illustration de couverture mais personnellement je pencherais pour l’auteur lui-même. Imaginez que cette illustration, qui montre l’ombre du génie de la Bastille, place donc le livre à l’ombre du génie. Et dès les premières lignes vous devriez percevoir l’ironie mordante qui court tout au long du livre.
Ce roman devrait plaire aux amateurs de littérature et à ceux qui ont pris conscience d’exister en tant qu’individus après 1968. Le héros s’appelle Axel Halgouët et se découvre en même temps qu’il découvre Antonin Artaud et Jean-Pierre Duprey (encensé par André Breton). Et il se veut poète. Étrange livre qui raconte comment un jeune homme tente de refaire son monde en passant par l’écriture mais qui est écrit par un « vieux ». Il s’agit de souvenir et l’on sait comment la mémoire nous donne le beau rôle. Là c’est l’écriture, les images littéraires qui ont le beau rôle. Car, pour ces jeunes nourris au bon lait du magazine Actuel, la « révolution » passe par la décontraction du langage. Ce langage dont ceux qui l’ont analysé ont bien montré le côté autoritaire, militariste. Étrangement Darol/Halgouët s’ils font référence à Guy Debord et à l’Internationale Situationniste oublient Magritte et surtout la poésie Lettriste et Isidore Isou… comme dynamiteurs. Et comme Guy Darol est aussi spécialiste de Franck Zappa (voir la biblio en fin de volume) il sait parler musique et les fans de rock progressif auront l’occasion de revisiter leur discothèque. L’ensemble est assez plaisant à lire mais au bout d’un certain nombre de pages on peut avoir tendance à décrocher, non par ennui mais parce que l’énergie qui anime les personnages perd de sa puissance. Je me permettrai une petite remarque : un index des noms cités avec les pages où ils figurent aurait peut-être intéressé les lecteurs.
Pour mieux savourer préférez une lecture lente.
Guerrier sans poudre
Auteur : Guy Darol
Editeur : Maurice Nadeau
http://www.quinzaine-litteraire.presse.fr/catalogue-nadeau.php
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