Mordant, juste, résolument cru et parfois émouvant, Pier Paolo Corciulo distille une prose sans faux-semblants et signe un premier roman savamment rythmé. L’auteur nous entraîne dans les errances de Léo, écrivain au succès relatif. Ce dernier soigne son mal d’amour par l’alcool et le sexe. Et l’on sait qu’il existe des « soirs non »…Que reste-t-il alors ? Les potes, les vrais, les écorchés, les indomptables : David, Gégé, Gabri, Laurent et l’écriture qui transcende tout. L’heure des naufrages d’accord mais aussi l’heure de vérité où l’on se passe le sablier de main en main pour laisser filtrer un peu de poésie. A découvrir sans hésiter !
A quel point Bukowski vous a-t-il influencé pour forger votre histoire ?
La première rencontre/lecture avec Bukowski c’était son recueil de poèmes « L’amour est un chien de l’enfer » et j’en ai été bouleversé pour l’intensité de ses propos malgré la vulgarité qu’on lui connaît qui, à mon avis, est justifiée par rapport au contexte qu’il avait choisi de raconter. Plus tard j’ai lu « Women » et là j’ai eu le déclic pour commencer l’écriture de mon roman « L’heure des naufrages ». Je dois à Bukowski, comme à d’autres écrivains américains, leur franc parler et l’absence de fioritures qui n’apportent rien à l’histoire.
Comment est née l’idée du titre l’heure des naufrages ?
Il y a quelques années j’avais écrit et composé une chanson intitulée « L’heure des naufrages ». J’avais l’impression que le narrateur de l’histoire, Leo, existait déjà dans les paroles de cette chanson et le titre m’a semblé une évidence. Dans mon roman, Leo est confronté au deuil, au chagrin d’amour et sombre rapidement dans l’alcool et le sexe. Leo a deux passions : la femme de sa vie qu’il surnomme « ELLE » et l’écriture. Ses deux passions deviennent deux problèmes : « ELLE » ne veut plus entendre parler de lui suite à leur rupture et il n’a écrit qu’un seul roman qui est pratiquement passé inaperçu. C’est le début du « naufrage ». Comment Leo réagira-t-il ? Aura-t-il la force de se relever ? Ce roman est aussi un hommage à l’amitié et à la littérature, celle que j’aime évidemment.
Quelques mots sur vous
Voilà un exercice que je trouve plus compliqué que l’écriture d’un roman ! (Rires). Plus le temps passe et plus j’accepte et assume mes paradoxes. J’ai fait la paix avec une partie de moi-même tandis qu’avec l’autre partie je suis toujours en conflit, ce qui me pousse peut-être à écrire. Je suis un type ordinaire, avec ses joies et ses névroses, rien de plus. Ça ne m’intéresse pas d’être un homme juste, je suis juste un homme.
Pourquoi Vasco Rossi ?
Je suis entre autres fan de musique italienne, dont Vasco Rossi qui chante avec ses tripes et comme j’ai écrit « L’heure des naufrages » avec mes tripes, j’ai voulu faire un petit clin d’œil à mes origines.
Comment travaillez-vous la musicalité de vos phrases ?
Je l’ignore. Je sais seulement que la première phrase, le premier paragraphe vont donner le ton à l’histoire. J’ai participé à un atelier d’écriture animé par l’écrivain français Philippe Djian qui m’avait dit que j’avais un style et que je devais croire en moi. C’était un sacré compliment venant de lui. Encore aujourd’hui je doute quand j’écris, c’est peut-être ce doute-là qui me permet de prêter attention à la musicalité du texte et de travailler et retravailler certains passages.
Quelle chose vous donne le plus de grains à moudre dans l’écriture ?
Je me rends compte que mes quatre derniers manuscrits ont été écrits à la première personne (2 reposent dans un tiroir et un sera en principe publié en février 2022). Actuellement je travaille sur deux histoires où j’emploie la 3e personne, le point de vue est différent et ça me donne du fil à retordre. Comment illustrer, exprimer le ressenti des personnages quand le « je » n’est pas utilisé ?
Votre premier coup de coeur littéraire
Sans aucun doute « Des souris et des hommes » de John Steinbeck. Je l’ai lu, relu plusieurs fois et je ne m’explique pas ce qui me touche aussi profondément. C’est beau, c’est simple, c’est fort. Il y a la violence et la dureté de la vie, l’espoir, le désenchantement. Je pense que Steinbeck a été l’un des premiers à savoir décrire les silences entre les personnages. Et le silence c’est tellement important dans la littérature.
Avez-vous des tics d’écriture que vous tentez de dompter ?
Je n’ai pas assez d’expérience pour avoir des tics ou alors j’en ai mais les lecteurs seront les mieux placés pour les identifier. En revanche j’ai un grand défaut : le découragement. Si je passe quelques jours à écrire des passages que je trouve nuls, j’ai tendance à baisser les bras rapidement. Heureusement que mes proches me soutiennent et me secouent !
Quel déclic vous a poussé à écrire ?
Un jour j’ai lu Dino Buzzati (Le K, le désert des Tartares) et j’ai envié son style. Et j’ai voulu écrire comme lui, j’ai voulu « être » lui.
Ce qui vous a marqué dans Demande à la poussière
« Demande à la poussière » de John Fante, voilà un autre écrivain qui me fascine. Pas de chichis avec Fante, on va droit à l’essentiel. Rien que pour le titre ce roman aurait mérité le prix Nobel ! Ce qui m’a marqué c’est son personnage Arturo Bandini qui veut absolument devenir célèbre par l’écriture alors qu’il mène une vie misérable, mais il ne lâche rien.
Que lisez-vous en ce moment ?
J’ai terminé la nuit passée « Dîner à Montréal » de Philippe Besson. Moi qui lis très lentement, j’ai lu ce livre en deux jours. Bouleversant, déchirant, intelligemment écrit. Ce roman est un bijou sur les rapports humains qu’il décortique à merveille.
Quelles sont vos actualités et où peut-on se procurer l’heure des naufrages ? Avez-vous un site Internet que nous pouvons communiquer à nos lecteurs ?
Le mois prochain sortira mon recueil de poèmes « Entre-peaux » aux éditions des Sables, un retour à mon premier amour qu’est « la poésie » et en principe mon prochain roman en février 2022. J’aimerais pouvoir faire des séances de dédicaces pour « L’heure des naufrages » pour aller au contact des gens, j’attends des informations à ce sujet, vu la situation sanitaire. On peut suivre mon actualité sur les réseaux sociaux, Facebook et Instagram.
Editions Romann
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