Je me permettrai, mais vous en avez l’habitude, de regretter la redondance entre le titre et l’illustration de couverture.
Cette pièce devrait être montée, jouée et représentée dans des établissements scolaires. Imaginons aussi qu’il soit interdit aux premiers spectateurs d’en dire le contenu et interdit de quitter la salle avant la fin sous peine de devoir justifier son départ (sa fuite ?) en deux pages minimum, lues ensuite en cours. Le sujet est d’abord le viol considéré comme arme de guerre puis le viol tout court. Parfois, il m’arrive de ne pas me sentir légitime à parler de ‘choses’ féminines, mon éducation – sociale et parentale – ne m’a pas préparé à ces ‘choses’, d’autres fois je me sens concerné justement à cause de cette éducation qui valorise l’ego (éducation ou son absence assez finement évoquée à partir de la page 48). Parler du viol arme c’est évacuer en grande partie ses conséquences. L’autrice prend soin ici de détailler la violence subie, l’importance des témoins, les mutilations. Et leurs conséquences autres que physiques ou physiologiques (pensez au 1er décembre).
Question : comment les spectateur.trice.s perçoivent-ils les images nées des mots précis ? La pièce propose deux réponses… l’une d’une femme, je vous en laisse juge, l’autre d’un jeune violeur (considérant, sans penser l’autre, l’attitude désirante d’une femme comme consentement, sans autre forme de procès). Enfin l’autrice rend hommage au docteur Denis Mukwege (allez consulter sa fiche Wiki) qu’il y a fort longtemps un magazine santé nous avait présenté comme un réparateur de clitoris excisés et qui est bien sûr bien plus que cela. Citation un peu longue et question : qui peut bien prononcer les paroles suivantes : « Malgré mon manque de toi, je ne peux plus te regarder, je ne peux plus te toucher. Je ne peux plus me penser toi et moi. Je vis le chagrin de la honte. ».
Bonne lecture lente et assumée.
J’avais un vagin en forme de cœur
Auteure : Veronika Boutinova
Editeur : Harmattan
Collection : En scène
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