Si le machisme, la misogynie et le racisme ont fait du tort à la musique, c’est peut-être du côté du Jazz qu’il faut en chercher les preuves.
Les trois CDs proposés donnent à entendre ce que le Jazz féminin a produit de mieux entre 1924 et 1962. Chaque CD est consacré : le premier aux pianistes, le second aux autres instrumentistes et le dernier aux Girls Band. Et je suis sûr d’une chose : si je fais écouter en aveugle n’importe lequel des morceaux présentés là et que j’en demande l’interprète, combien vont citer une femme ? Même ceux qui aujourd’hui reconnaissent et apprécient les jazzwomen, s’ils ne sont pas des spécialistes de la question, n’ont peut-être pas pensé que la société des noirs produisait aussi des musiciens femmes. Peut-être aussi qu’on les voit plus en prostituées, en égéries qu’en musiciennes. En chanteuses peut-être mais c’est limité à deux ou trois noms…
Profitez de ce triple album pour découvrir un peu mieux celles dont vous avez pu entendre le nom : Lil Hardin Armstrong, Mary Lou Williams ou Hazel Scott… (pianistes). Pour ce qui est des autres instruments et des Girls Band, j’ai fait comme vous allez faire : des découvertes. Ceux qui ont vu « Certains l’aiment chaud » ont peut-être un petit tour d’avance.
Mais vous avouerez que si on ne vous dit rien sur qui joue, vous penserez d’abord qu’il s’agit de Jazzmen et c’est là que le bât blesse. Si elles ne font pas mieux que les hommes, pourquoi les embaucher ? Parce qu’elles sont femmes, non parce qu’elles sont musiciennes.
Et je ne suis pas sûr que les choses aient beaucoup changé.
Bonne écoute attentive…
3 CDs
Jazz Ladies (1924-1962)
Editeur : Frémeaux & Associés.
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