Il est bien inscrit en couverture qu’il s’agit d’un roman mais, et en écrivant cela je ne voudrais pas faire de peine à madame Alonso, c’est surtout, je crois, plus que cela. Personnellement, je le rangerais dans la catégorie biographie romancée… Bien sûr, ce n’est pas la bio de l’auteure. Mais ce qu’elle raconte est à la fois tellement vivant, réaliste et intéressant que l’on peut difficilement se contenter de n’y voir qu’un roman. Imaginez simplement qu’Isabelle Alonso a tendu un micro à son père pour en recueillir la mémoire et qu’elle a transposé le résultat sous forme romanesque, sous couvert de fiction pour votre plaisir.
Angel Alcalà Llach nait en 1923 et commence à se raconter dans un court prologue lorsqu’il approche les quatre-vingt-dix ans. Lisez attentivement le troisième paragraphe de la page 9, il est très important car il parle du fait que l’on a tendance à oublier « consciencieusement ». La suite, après le « Il était une fois » de rigueur pour annoncer la fiction, raconte la vie d’Angel, surnommé Gelin. Je vous laisserai en découvrir les péripéties et les aléas. Parce que, d’une part, les raconter ici leur ferait perdre beaucoup de leur charme. Parce que, d’autre part, ils sont intéressants dans leur continuité qu’il convient de ne pas interrompre – cet argument doit vous inciter à lire le roman d’une traite. Alors je vais prendre une citation. Les parents de Gelin sont – on s’en doute – Républicains – espagnols – et après l’exécution de Francisco Ferrer Guardia – mort en criant : » Vive l’École moderne ! » – sa mère lui explique en quoi cette École moderne est mieux que les autres. « Parce qu’on y apprenait à être libre, à se moquer du qu’en-dira-t-on, à rejeter le sacrifice, l’abnégation, l’effacement, tous ces poisons instillés aux bons chrétiens et qui sont autant de prisons. » Cette phrase a pour moi beaucoup d’importance car même, et surtout, située dans son contexte elle permet d’élargir et d’imaginer que de tels propos pouvaient être aussi tenus à beaucoup de petits Européens de l’époque (Italiens, Français, etc). Elle explique que beaucoup d’Espagnols aient résisté à une école plus dévorante que formatrice…
Bonne lecture…
Je mourrai une autre fois
Auteure : Isabelle Alonso
Editeur : Héloïse d’Ormesson
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