Dans le dossier de présentation du livre et de son auteure, Philippe Beyvin – directeur de la collection qui le publie – s’interroge sur le fait que cette écrivaine née en 1943 ayant publié son premier livre en 1977 – celui-là -, qui sera suivi de six autres avant qu’un grave accident de la route à la fin des années 1990 ne l’éloigne de la vie artistique, ne soit pas encore traduite et publiée en France autrement que par ce volume.
Sans préjuger du contenu des six autres titres et après lecture de celui-là, je peux lui donner un élément de réponse… Eve Babitz fait avec les nouvelles de ce recueil une œuvre-ville. Elle donne à lire sa ville et son rapport avec elle. Et présente l’ensemble comme la relation d’une histoire d’amour. N’oubliez pas de lire la page introductive, vous comprendrez le pourquoi des courts passages en italiques qui précèdent les textes. Je ne résiste pas au plaisir d’en citer le dernier paragraphe : « Virginia Woolf disait que les gens lisent des romans comme ils écoutent des ragots, alors si vous lisez ce texte, autant lire mes apartés personnels écrits pour qu’il le lise, lui aussi. Je me dois d’être extrêmement drôle et merveilleuse en sa présence ne serait-ce que pour attirer son attention, et il est dommage de laisser tout cela à la même personne. » C’est peut-être un peu long mais j’ai l’impression que cela résume assez bien l’attitude de l’auteure dans la vie et en littérature. Je suppose que vous qui me lisez en cet instant connaissez le New York mis en image par un certain Woody Allen. Eh bien ! il me semble qu’Eve Babitz joue avec les mots le même rôle pour Los Angeles – je me permets de rappeler que c’est de l’espagnol et que cela se traduit par « Les anges ». Si vous aimez un tant soit peu la peinture, vous connaissez les impressionnistes, les « pointillistes », ceux qui peignent des tableaux dont il faut s’éloigner, trouver la bonne distance pour en bien voir le contenu. Eve Babitz écrit par touches, elle donne à lire une suite de « touches sensuelles » qui nous font percevoir ce qu’elle voit, sent, écoute, touche et goûte.
A siroter longuement en bouche.
Jours tranquilles, brèves rencontres
Auteure : Eve Babitz
Editeur : Gallmeister
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