D’abord un sous-titre : Esclave et conquistador, ensuite une précision : le dessin est de Gabriel Ibarra et donc le scénariste est José Carvajal. Ils sont associés comme auteurs et sans spécification ce qui les place sur un pied d’égalité.
Je voudrais d’abord vous rappeler que je préfère les BD qui s’imposent des cadres à celles dont certaines vignettes/cases débordent avec plus ou moins de raisons de la planche et vous demander d’aller directement à la page 47 voir une superbe image sans cadre mais délimitée. Peut-être même peut-on ajouter que ce qu’elle montre mérite de ne pas être cadré.
Il est question en une centaine de pages de la tentative d’un esclave noir d’acheter sa liberté en participant, au côté des Espagnols, à la conquête d’une partie de l’Amérique centrale et du sud. Il est recommandé de lire les informations données en début d’ouvrage pour en mesurer le réalisme et lire l’histoire en la regardant sans être parasité par des recherches d’informations. C’est un récit violent qui est raconté avec des accalmies et des retours en arrière qui permettent de prendre pleinement conscience de ce qui se déroulait. Des hommes déclarent prendre possession d’un sol au nom d’un roi et de Dieu. On appréciera que la violence ne soit pas présentée uniquement du fait des conquérants… et au seul détriment des Indiens… Celle faite au noir esclave est troublante – imaginez qu’il dût demander l’autorisation à ses maîtres de faire la cour à la jeune esclave noire qu’il aimait.
Je ne dirai rien du trait des dessins – je le trouve agréable et juste dans sa façon d’illustrer de l’Histoire estompée – c’est la mise en case et la forme de celles-ci qui donnent d’abord du rythme (visuel) aux planches. J’en ai relevé de trois sortes : les horizontales façon cinémascope, les verticales façon gros plan et les normales comme celles que l’on a l’habitude de voir. Cela interdit au regard de s’assoupir. Et pour soutenir ce rythme que je dirais conçu par des ‘blancs’, un autre rythme vient, lancinant, marquer le tempo. Celui de la mise en couleurs qui semble naître de la luxuriante végétation qui camoufle la violence des hommes.
Un album à lire lentement pour se laisser imprégner de sa puissance. Bonne lecture.
Juan Valiente
Auteurs : Ibarra & Carvajal
Editeur : Mosquito
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