Surtout ne vous fiez pas à l’illustration de couverture pour feuilleter cet album qui raconte en 238 pages une sombre histoire passée dont on entend encore aujourd’hui des échos. Attention ! Cette histoire se lit et se regarde avec autant d’attention ! Prenons par exemple la première page : trois cases à l’horizontale. Un petit encart de texte présente et précise les lieux : une prison grenobloise vue d’en haut et une heure. Un couloir sombre et vide. Quatre silhouettes noires derrière des barreaux. On vous supposera assez d’imagination pour ne pas être surpris par la page 2 et votre impression sera confortée par la première case de la page 3. Vous avez compris que ce va-et-vient entre le dit et le montré, entre le lecteur et l’auteur/l’histoire renforce ce que disent le récit/les images. Si le gros de l’histoire se déroule au vingtième siècle, tout a commencé bien avant, aux temps préhistoriques quand on attribuait aux animaux, à la nature des forces et un pouvoir. Et puis des gens de pouvoir ont condamné ceux qui n’en avait pas, allant jusqu’à nier le rapport avec la nature. Edouard Roux, fils sans père d’une fille mère accusée de sorcellerie… deviendra « gueule cassée » en 1917… Mais il rencontrera Jeanne Sauvage, une jeune femme sculptrice animalière (amie de François Pompon) qui lui modèlera un masque-visage et à qui il fera découvrir la dernière reine dont la disparition est censée causer la nôtre. Ils s’aimeront et vivront ‘cachés’ avant que la maladie les sépare… Le reste est une histoire moderne où la loi des hommes en aveugle seule importe.

Fort heureusement, Rochette, il me semble, ne donne pas de leçon de morale, il nous laisse tirer celle que nous voulons. On notera une page entièrement noire suivie de pages sans le moindre humain comme on aura remarqué que s’il est question de Marcel Duchamp et de Dada on n’en voit pas d’œuvre… mais l’on vous sait capable d’imaginer un nu descendant un escalier… Enfin pour renforcer ce que je dis à propos de la première page, je vous recommande de bien regarder/lire par exemple les pages 67 et 171.

Au cas où vous manqueriez d’idée pour un cadeau…

Bonne lecture.

La dernière reine
Scénario & Dessin : Jean-Marc Rochette
Editeur : Casterman

www.casterman.com

La dernière reine
5.0Note Finale

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