Avant d’entrer dans le vif du sujet, je supposerai qu’il vous reste des vacances à prendre et vous suggérerai d’emporter ce livre avec vous, et je vous demanderai de vous souvenir un temps d’une chanson de Jacques Brel : Ces gens-là en guise d’introduction à la lecture. A moins qu’attiré par l’intrigante et subtile illustration de couverture il vous soit venu à l’esprit l’hitchcockien Fenêtre sur cour (à voir ou revoir sans faute). Et je me permettrai enfin de féliciter Barbara Fontaine pour sa traduction. Il me semble en effet qu’elle a su rendre une des particularités du roman : l’impression que l’autrice porte sur ses personnages le même type de regard qu’ils portent sur eux-mêmes et le monde.

D’abord il y a Inge, quatre-vingt-quatre ans, la mère, veuve de Richard qui habite sa maison, elle a eu deux fils. Jens l’ainé, parti vivre loin depuis longtemps, et Carsten, parti travailler à Berlin, pas trop loin du coin de l’ex-Allemagne de l’Est où ils sont nés. Carsten est divorcé et partage la garde de sa fille Lissa, adolescente et grande lectrice avec son épouse. C’est Ulrike, la voisine ‘aidante’ et sensiblement de l’âge de Carsten, qui a découvert qu’Inge avait chuté dans son escalier en allant de nuit aux toilettes. Pendant le séjour de sa mère à l’hôpital, Carsten a réaménagé la maison et il doit rester un certain temps près d’elle avec Lissa. Mais les rapports avec la vieille dame ne sont pas faciles. Elle est l’ancien monde triste et rigide, Carsten travaille dans une branche que menacent les décisions écologiques, celles que défend intelligemment sa fille.

‘Étrangement’ ces trois générations sont supportables, je veux dire que l’on comprend l’énervement d’Inge devant les ronflements incessant de sa voisine de chambre, l’agacement de Carsten devant les attitudes négatives de sa mère et le désir subtil de Lissa de concilier cela. Si vous lisez en public, interrompez-vous de temps en temps pour regarder autour de vous.

Une petite citation, qui clôt presque la présentation des rapports Inge/Carsten : « Parler avec sa mère, c’est comme d’essayer de replier une notice après l’avoir lue : on n’y arrive jamais. ».

Bonne lecture-vacances…

La famille Ruck
Auteure : Katja Schönherr
Editeur : Zoé

www.editionszoe.ch

La famille Ruck
5.0Note Finale

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