L’illustration en couverture s’intitule Impressions parisiennes, elle est datée de 1991 et signée Jean Diss, et je me permettrai de la trouver totalement en accord avec la pièce donnée à lire. J’aime bien aller au théâtre et être saisi par les vivants qui interprètent – jouent – des textes qui ne leur appartiennent pas mais qu’ils possèdent. J’aime aussi lire du théâtre pour ‘entendre’ la voix de l’auteur et l’imaginer portée par d’autres. Là, sans perdre de son originalité, le texte m’a transporté entre Samuel Beckett et Armand Gatti. Oui je sais ! Cela ressemble à un lieu improbable.
Imaginez la scène recouverte de vêtements entassés avec un proscénium circulaire sur lequel personne n’ira et en fond un écran qui montrera un Chœur de femmes. Cinq personnages sortiront progressivement de sous les vêtements. Arthur et sa fleur, un intellectuel dont la mémoire se perd ; Malet et sa mallette, un informaticien perdu ; You, photographe ; Madiba, joueur de Kalimba qui regrette et cherche sa forêt perdue et Baz, l’homme du désert qui fouille le sol en permanence. Le chœur des femmes et son coryphée et une voix d’homme interviendront aussi. La musique, le chant et la danse jouent un rôle important. Les hommes ne savent ni où ils sont – prison, asile, hôpital – ni pourquoi et comment ils sont arrivés là. Et ils parlent de ce qu’ils ont perdu, de ce à quoi ils s’attachent, de ce qui les tient debout. Et là, après une intervention du chœur, vous vous souvenez du titre et du dispositif scénique. Cette faune ce serait ces hommes ? Trop simple ! C’est plutôt l’homme qui a exclu de son cercle les animaux et la nature, l’ennui c’est que ce cercle est vide… Le sort et la parole des hommes qui s’expriment là oscille entre désespoir et espoir de liberté porté par les danses et les chants… On supposera que les séquences projetées du chœur ont été filmées une bonne fois pour toutes, ce qui autorise à n’avoir en scène que cinq comédiens… Et je me permettrai de suggérer, si vous montez la pièce, de remplacer l’énorme quantité de vêtements par du papier journal qui pourra faire volume et cacher.
Bonne lecture.
La faune hors du cercle
Auteure : Leïla Houari
Editeur : Harmattan
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