J’avoue, je trouve la couverture de ce livre fort réussie mais j’ai du mal à percevoir son rapport au roman sur lequel elle ouvre. En quatrième de couverture une seule phrase : « Je dois apprendre toute seule à devenir Lora Sander. »
Lora Sander est la femme au Colt 45. Elle est contrainte à fuir l’Azirie devenue une dictature pour se réfugier en Santarie censée être un pays démocratique. Lora était/est comédienne, vedette du Magic Théâtre. Et bien sûr, elle va subir le sort des réfugiés : soumission au passeur, viol par un camionneur, soumission à ses employeurs, arrestation, etc. Marie Redonnet qui est aussi auteure pour le théâtre livre ici une œuvre particulière. On a l’impression de lire un long monologue entrecoupé de didascalies informatives comme il se doit qui situent les lieux de l’action. Le monologue est bien sûr celui de Lora qui raconte ce qu’il lui arrive ou lui est arrivé. Elle nous prend simplement à témoin des malheurs qui la frappent sans la moindre plainte. Elle ne fait que des constats et, même lorsque ceux qui auraient dû s’occuper d’elle ne répondent pas à ses messages, elle ne s’apitoie jamais sur son sort. Tout au plus constate-t-elle qu’il est heureux qu’elle ait vendu son Colt car avec lui elle risquait une peine de prison plus lourde.
Pris à témoin, c’est nous qui avons tendance à « les » plaindre. Par « les » j’entends ceux et celles qui subissent un sort plus ou moins identique. Mais, en nous permettant par le biais de son style de nous dégager de l’emprise du malheur, Marie Redonnet nous empêche d’avoir mauvaise conscience au fil de la lecture. Par la suite ou dans une salle de spectacle je ne suis pas certain que le charme opère encore… Au cours de ma lecture je me suis plu à imaginer quelle comédienne j’aurais bien vue sur scène porter ce texte. Lisez-le en pensant à Michèle Morgan et/ou à Anne Parillaud par exemple… Ou bien imaginez celle que vous voulez…
Bonne lecture.
La femme au Colt 45
Auteure : Marie Redonnet
Editeur : Le Tripode
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