Belle couverture pour mon goût, des poissons dans le style d’Escher dont certaines œuvres me semblent s’apparenter à ce roman. Il s’agit du quatrième roman de l’auteur et il a reçu le prix Tanizaki dont il est dit qu’il récompense surtout les écrits longs des auteurs aboutis. Le recevoir pour sa quatrième production me semble être très significatif du talent de Murakami. D’ailleurs, à force de le lire pour vous en parler, j’ai l’impression que ses premiers romans ont jailli comme un torrent, qu’il devait s’en décharger, s’en libérer pour passer à autre chose.
Il s’agit aussi d’un roman que les amateurs de science-fiction pourraient revendiquer puisqu’il utilise le thème des Mondes Parallèles. Vous savez, ces mondes qui ressemblent au nôtre autant qu’ils s’en distinguent et dans lesquels un héros cherche une vérité ou sa voie. Ici nous entrons de plain-pied dans le « Pays des merveilles sans fin » et dans l’univers de « la fin des temps ». Il y a quarante chapitres, vingt pour un monde et vingt pour l’autre. Les visites et les événements sont racontés à la première personne, ce qui nous donne deux héros, un pour chaque monde. Dans le premier il s’agit d’un « brouilleur » capable de brouiller les informations pour éviter qu’elles soient exploitées par d’autres que ceux auxquels elles sont destinées. Les informations qu’il vient protéger sont celles qu’un chercheur a récoltées sur les sons à l’écoute des crânes. Dans le second dont nous avons un plan dessiné page 24, celui qui est apparu comme par enchantement reçoit les informations et sa mission du « gardien ». Il devient ainsi le « lecteur de vieux rêves ».
Laissez-vous porter ! Ne cherchez surtout pas à expliciter à comprendre le pourquoi de ces mondes. Petit à petit, au fil des pages vous vous ferez votre idée, et vous viendront à l’esprit d’autres mondes complémentaires. Pour ma part, des bribes de Jean Tardieu, des éclats de Boris Vian, de la série Philémon du dessinateur Fred (chez Dargaud) et de Kafka – que Murakami promènera sur le rivage – sont venus entre autres éclairer ma lecture… Ce qu’il y a de bien dans ce genre de roman c’est qu’en dehors des trouvailles de l’auteur – passionnantes – cela réveille en vous une multitude d’échos fantastiques et personnels. Ce sont des livres qui se nourrissent en vous nourrissant à nouveau de ce qui vous nourrit.
Lecture lente et indispensable.
La fin des temps
Auteur : Haruki Murakami
Editeur : Belfond
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