Ce que j’aime bien dans les illustrations d’Aurélien Police pour cette collection c’est qu’il en dit beaucoup en finesse. Là par exemple il suffira de s’intéresser un peu à l’actualité du continent dessiné par la feuille pour comprendre… C’est dire aussi que les écrivains de SF ne sont pas comme l’on dit ‘Hors-sol’. Le texte présenté ici a vingt ans et aborde un sujet contemporain.
Imaginez un monde où l’on peut à volonté ou presque changer de forme, renaître, où le troc a fait disparaître l’argent, où le travail se paye en ‘calories’, une sorte de ‘Paradis’. Michelle qui fut singe avant d’être sirène avec ailes est une bonne fureteuse, une bonne ‘détective privée’ et un de ses clients la charge de découvrir ce qu’a fait pendant trois semaines de sa vie, Jonathan Terzian, le théoricien du monde qu’ils habitent. Et, à partir de là, les chapitres alternent, les uns consacrés à Michelle, sa vie, sa recherche et sa fuite devant son amoureux-mort-reconstruit, les autres à la rencontre de Terzian et de Stéphanie puis à leur fuite devant des tueurs du ‘Bloc de l’est’ qui veulent récupérer l’arme capable de lutter contre ‘l’arme de la faim’ que détient Stéphanie. Cette alternance brouille un peu les repères temporels et renforce l’actualité du texte. On en saura beaucoup sur Michelle mais encore plus sur Terzian et l’arme contre la famine… et au passage on aura dépoussiéré Machiavel et Heidegger.
Je trouve réconfortant qu’un texte qui réfléchit sans ennuyer soit récompensé – en 2005 – par le prix Nebula, mais je m’étonne qu’il ait fallu attendre vingt ans sa version française… Mais peut-être que l’explication de ce retard est implicitement dans la citation suivante : « En France, ‘intellectuel’ est une profession. Il n’est pas nécessaire d’avoir un diplôme, c’est juste une activité. » C’est Terzian qui le dit après avoir précisé que vous risquez d’être « crucifié par les mandarins si vous osez mentionner Nietzsche ou Foucault. »…
Bonne lecture lente.
La peste du léopard vert
Auteur : Walter Jon Williams
Editeur : Le Bélial’
Collection : Une heure lumière
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