Ce roman inédit achevé en 1983 est le dernier volet de la trilogie du Losange (voir chroniques des deux premiers tomes ici https://www.daily-passions.com/la-trilogie-du-losange-tome-1-le-satellite-de-lamande et ici https://www.daily-passions.com/la-trilogie-du-losange-tome-2-les-bergeres-de-lapocalypse ). Nous retrouvons en illustration de couverture la même Rozalie Martin et je vous avoue que pour ce dernier roman j’aurais bien vu le tableau du peintre Karel Masek cité par un des personnages illustrer la couverture – l’œuvre est dans le domaine public. Vous pouvez, je pense, vous dispenser de lire la préface d’Élise Thiébaut qui pour faire mode nous annonce un « trigger warning » à propos de la violence à l’égard des femmes dans le roman et parle de prescience de l’auteure… Je me permettrai pour ma part de parler de réalisme.
Ce livre écrit à la première personne fait le récit de l’ascension et de la chute d’un dictateur gynophobe. Élevé par ses oncles dont un jésuite, une esclave noire maîtresse d’un des oncles et n’ayant eu comme compagnon de jeux qu’un garçon, Erwin Tusdock se retrouve à vingt-quatre ans maître d’un empire, grand producteur mondial de viande industrielle – là, au vu d’un récent article de presse concernant un élevage de porc on peut parler de prescience – et ne jurant que par la virilité et la supériorité masculine sur les femmes – tout juste bonnes à la reproduction de l’espèce et à supporter ses perversions sexuelles. Un monde dans lequel les États ont disparu, remplacés par des gouvernances de multinationales qui se sont partagé des zones. Et puis les femmes ont fait la guerre aux hommes et seule l’Australie – le domaine Tusdock – et les atolls et îles proches n’ont pas été envahis. Ailleurs le monde reprend lentement des couleurs qui étouffent, éteignent la grisaille née de la pollution. Et Tusdock entouré d’hommes qui le secondent et de femmes qu’il maltraite veut contre attaquer l’empire des femmes. Imaginez ! elles sont véganes, il est viandard.
Attention ! Même s’il cite le manifeste violent de Valerie Solanas SCUM Manifesto, ce roman n’est pas un brûlot agressif à l’égard des hommes. Ce serait plutôt, à mes yeux, la démonstration des conséquences négatives d’une éducation ethnocentrée. Erwin Tusdock est un monstre formé par une société d’hommes fermée sur elle-même.
J’ajoute que la qualité de l’écriture de madame Françoise d’Eaubonne rend le roman palpitant et difficile à lâcher… Laissez-vous emporter, vous réfléchirez à ce que vous avez lu en tournant la dernière page.
Bonne lecture.
La trilogie du Losange, tome 3 : Un bonheur viril
Auteure : Françoise d’Eaubonne
Editeur : Éditions des femmes-Antoinette Fouque
Laisser un commentaire