Last exit to Brooklyn

Last exit to Brooklyn

Une petite remarque plaisante, un bandeau cache le Brooklyn de la couverture avec un autre Brooklyn sous lequel on peut lire en rouge « Nouvelle traduction »… Si vous me lisez régulièrement vous savez combien je suis « touché » par la médiocrité de certaines traductions. Je pense qu’en offrir une nouvelle à ce chef-d’œuvre est une bonne chose. D’autant plus qu’elle est assurée par des écrivains de grand talent. Vous avez remarqué j’ai écrit « écrivains » et non pas traducteurs. Ils se manifestent d’abord par un grand respect formel du texte – voir la typographie – ensuite leur âge respectable les autorise à une excellente maîtrise du français. L’ensemble est un petit bijou qui brille des feux d’un français inventif, digne de Raymond Queneau. Je ne saurais trop recommander au lecteur de faire une brève comparaison des deux textes avant de se lancer dans une relecture ou à l’aventure…

Imaginez que Selby Jr. a mis six ans pour écrire cette description des petites gens qui vivaient ou survivaient dans les années cinquante. C’est un portrait de l’Amérique du Nord. Le portrait de ceux et celles qui n’accéderont jamais à l’American way of life. Parce qu’il dit vrai, ce livre est rejeté par l’establishment. Une de ses forces est de nous interdire tout jugement de valeur, tout apitoiement, parce que les personnages ne nous demandent rien. Ces obscurs, ces petits, ces sans grades, ces culs terreux vivent et découvrent, prennent des coups sans se plaindre et bien sûr sans pouvoir échapper à leur condition. Parfois, même chez la vénale Tralala, un éclair de tendresse passe et illumine l’espace autour d’eux. Voilà un livre que l’on devrait donner à travailler, traduire et lire dans les cours d’anglais avec la complicité des profs de français et d’histoire… Il me semble que cela devrait passionner les élèves.

Je vous souhaite une bonne lecture revigorante.

Last exit to Brooklyn
Auteur : Hubert Selby Jr.
Editeur : 10-18

www.10-18.fr