Pour bien comprendre l’importance de ce petit film (« petit » car il ne dure que 26 minutes…), il est nécessaire de le replacer dans son contexte.
« The Snowman » est à l’origine une bande-dessinée de Raymond Briggs, adaptée en 1982 sous la forme d’une court-métrage animé et devenu une institution en Angleterre. Sa diffusion régulière, à l’approche des fêtes de Noël, a créé au fil des années comme une sorte de dépendance nationale. Les Britanniques le vénèrent avec une ferveur presque pareille à celle qu’il réserve habituellement à leur reine bien-aimée. Quelqu’un a donc eu l’idée saugrenue mais pas très inédite dans l’Histoire du Cinéma, d’en faire une suite. L’annonce du projet a très certainement due provoquer un réveil cinglant des consciences les plus traditionnalistes de l’Empire Britannique. Imaginez, pour comparer et vous rendre compte de l’ampleur du scandale, qu’en Suisse un hurluberlu propose une version « revisitée » de notre plus grande splendeur nationale : le cervelas.
Dans les faits, pour qui ne connaît pas l’œuvre originale, cette suite est une grande réussite. Un poème musical muet, réalisé à l’ancienne et, comme son modèle, avec des vrais crayons de couleur, une patience sans limite et un indéniable savoir-faire. L’histoire et le déroulement de l’intrigue sont quasiment identiques à la première version mais ce nouveau film réussit, grâce à de petites mais importantes variations, à recréer l’émotion déjà contenue dans le roman graphique de Raymond Biggs. On découvre d’ailleurs, dans un passionnant documentaire ajoutée à cette édition dvd, que l’auteur lui-même fût particulièrement ému par cette relecture, conçue comme un hommage à sa propre création. Un défi pour tous les artistes du projet qui avaient bien conscience de la pression qu’allait engendrer la retouche d’un tel trésor national.
Il faut avouer que, malgré quelques petits défauts, notamment concernant l’habillage musical de l’ensemble, ce petit film s’approche du chef-d’œuvre. Une merveille pour les tout petits et les plus grands…
Etienne Rey
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