Je me permettrai de trouver la couverture fort réussie et attrayante, même s’il y manque une figure féminine. Ça change, non ? On peut y reconnaître le détective privé C.W. Sughrue, devant lui sur la table une bouteille et un verre de whisky et un bulldog. Le privé a été embauché à un bon tarif par l’ex-épouse d’un romancier, Abraham Trahearne, pour retrouver ce dernier qui vient de se lancer dans sa énième virée d’alcoolique. Après une longue course-poursuite, il finit enfin par le trouver dans un bar un peu minable où deux types jouent aux piliers et où un bulldog se saoule consciencieusement à la bière comme l’écrivain. Mais un des deux piliers déclenche une bagarre et l’écrivain se retrouve pour un temps à l’hôpital. Et la patronne du bar demande à Sughrue de rechercher sa fille Betty Sue qu’elle n’a pas vue depuis dix ans.
Nous sommes entre Raymond Chandler et Polanski, entre Adieu ma jolie et Chinatown. Avec en plus, et c’est ce qui rend le roman et Crumley originaux, l’impression difficile à cerner que tous les personnages sont intéressants par eux-mêmes et non par ce qu’ils représentent. Les « bons » comme « les méchants » tirent leur épingle du jeu. Et si le privé semble au-dessus des déchéances auxquelles il est confronté, c’est autant par chance que par finesse d’esprit. Cela a au moins une énorme conséquence : cela empêche ce roman de vieillir exactement comme les œuvres dont je parlais plus haut. Comme si traiter de l’humain garantissait de bien vieillir.
Une lecture lente à savourer avec un bon alcool, dans un bon fauteuil.
Le dernier baiser
Auteur : James Crumley
Editeur : Gallmeister
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