Ce livre s’ouvre sur une définition et je ne peux résister au désir de la citer pour vous aider à comprendre. « Désarroi : trouble moral profond, détresse », dit le Larousse, qui cite en exemple le désarroi d’un enfant qui vient d’être racketté. Il n’y a pas de verbe pour ce substantif, sinon dans l’ancien français où « désarroyer » signifiait mettre en désordre. « Trouble qui survient dans les choses », dit le Littré. Et le bandeau imprimé en couverture nous a avertis : Enquête sur les juifs de France. Comme on peut supposer que le titre a été choisi après l’enquête on doit pouvoir considérer qu’il traduit l’état d’esprit de ceux rencontrés pendant l’enquête. La lecture fait apparaître une très grande diversité de ressentis et d’attitudes – un tableau des professions et des âges aurait peut-être été utile. On peut s’interroger sur l’intérêt et l’utilité d’un tel livre. Mais poser la question c’est y répondre. Dans la mesure où cette communauté est agressée et où d’autres ailleurs peuvent l’être aussi (Belgique) il convient de dresser un état des lieux pour que chacun sache se situer et pour aider à des prises de décisions.
Si j’ai bien lu, il est devenu, depuis les années 2000, assez difficile d’assumer sa judéité et cela pas seulement en France. Difficile de se retrouver à devoir à nouveau jouer pour certaines communautés le rôle de bouc émissaire et/ou d’assumer les actions de l’État d’Israël. En tout cas, il ressort de cette enquête, je crois, au moins une chose importante : l’information et sa circulation sont cruciales. On se doit de savoir ce que les autres pensent de soi, comment ils nous perçoivent. C’est-à-dire qu’il faut éviter tout repli sur soi, sur sa communauté de pensée ou de croyance.
Bonne lecture.
Le grand désarroi
Auteurs : Salomon Malka & Victor Malka
Editeur : Albin Michel
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