Le lecteur inconstant, suivi de Vie du corbeau blanc

Le lecteur inconstant, suivi de Vie du corbeau blanc

D’abord, regardez attentivement la couverture avant de vous en moquer et de passer outre. Elle vous offre une des clés de ce double livre. Ensuite, donnez-vous la peine d’aller voir si dans votre bibliothèque figure une œuvre de Macedonio Fernandez. Si ce n’est pas le cas, il vous est vivement recommandé d’en acheter et lire une. Vous ne devriez pas être déçu. Si c’est le cas, replongez-vous un instant dedans… Maintenant vous pouvez aborder ce double livre. Peut-être regretterez-vous comme moi qu’il soit impossible de lire simultanément les deux titres. L’un étant le journal de bord de l’autre, une sorte de making of.

Le premier « Le lecteur inconstant » raconte et commente les états d’âme et d’esprit de l’auteur pendant la rédaction du second « Vie du corbeau blanc ».

Carlos Liscano est né en Uruguay en 1949. A 22 ans, il est condamné pour raisons politiques et passera treize années en prison. Il subira la torture avant d’être libéré et ce qu’il écrit traite de lui et de ce qu’il a vécu et vit, sans la moindre complaisance. Il se sait sous le regard du lecteur… Et vous savez comme moi que ce dernier est pour le moins inconstant, son regard sur ce qu’il lit dépendant sérieusement de son état d’esprit. Je vous laisse apprécier. Pour ce qui suit, je pourrais vous donner, pour que vous vous fassiez une idée, un titre de chapitre : Notre héros fait une seconde tentative pour finir de raconter le grand exploit accompli comme adjoint du capitaine boiteux (c’est le chapitre VII). Vous avez compris ! Il n’y a pas beaucoup de capitaine boiteux dans la littérature. Et sous couvert des récits du corbeau taché de blanc – grand admirateur du grand corbeau blanc, le rebelle qui vit dans la montagne (la sierra) – il revisite quelques classiques que je vous laisse découvrir… et vous apprécierez qu’en exergue de Vie du corbeau blanc on lise un extrait de « Pierre Ménard, auteur du Quichotte » de Jorge Luis Borges (C’est dans le recueil intitulé « Fictions »). L’autre exergue est de Tolstoï et raconte l’histoire de ce corbeau qui se peignit en blanc pour aller vivre chez les pigeons où l’on mangeait mieux et qui, rejeté, s’en retourna chez les siens qui ne le reconnaissaient plus… ou ne voulurent pas le reconnaître…

Arrivé au bout de cette chronique je mesure l’extraordinaire richesse de ce double livre qui pourrait servir à un cours (français/espagnol) sur la littérature latino-américaine…

Bonne et lente lecture…

Le lecteur inconstant, suivi de Vie du corbeau blanc
Auteur : Carlos Liscano
Editeur : 10-18

www.10-18.fr

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