Quoi que vous puissiez en penser – avant ou après lecture – je me permettrai de trouver la photo d’Eliott Herwitt en illustration de couverture parfaitement adaptée à cette fable-roman.

L’histoire est racontée par un ‘Nous’ qui peut-être un nous de majesté ou un nous collectif et dont vous finirez par découvrir qui il est. Il se révélera à vous. L’histoire se confond longtemps avec celle de Juan, un exilé cubain qui après plusieurs métiers pour lesquels il n’a guère montré de compétences, se retrouve portier d’un immeuble de grand standing new-yorkais. Et là il est manifestement à sa place. Mais Juan, tout en se préoccupant de satisfaire les moindres désirs des locataires-propriétaires, cherche à leur parler de sa quête. Il veut trouver pour eux comme pour lui la porte qui ouvre sur un avenir meilleur, sur la plénitude. Comme il se doit et ainsi que dans toutes les bonnes comédies, soit on ne l’écoute pas – normal c’est le portier -, soit quelque chose ou quelqu’un interrompt l’amorce de l’échange, soit on a besoin de lui pour autre chose, soit enfin on le comprend de travers. Seule Cléopâtre, la chienne égyptienne unique achetée à prix d’or par le propriétaire des lieux, lui manifeste un jour, en lui léchant le visage, un semblant d’intérêt. Nous, nous avons découvert les particularités de chacun des habitants. Et le récit bascule, passant du rapport entre humains au rapport entre humains et animaux. Sous l’égide de Cléopâtre tous les animaux de l’immeuble – officiels et clandestins – vont venir exposer au portier leur façon de voir le monde. C’est savoureux… Et les humains parviendront à faire interner Juan. Les experts diagnostiqueront chez lui un « ventriloquisme magnétique », puisqu’il fait parler les animaux.

Au fil de ma lecture, en pensant à (Juan) de La Fontaine, en rêvant d’une version BD, j’ai noté : Kafka, Buster Keaton, Jerry Lewis, Blake Edwards, Luis Sepulveda… Et j’ai défini Juan comme ayant perdu/quitté son île et étant absent au monde, par respect des autres et des consignes, s’y retrouve trop présent.

Un beau cadeau de Noël, pour adulte…

Bonne lecture.

Le portier
Auteur : Reinaldo Arenas
Editeur : Rivages

www.payot-rivages.net

Le portier
5.0Note Finale

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