Le ruban
Le rapport entre les plumes qui illustrent la couverture et le titre peut ne pas paraître évident et pourtant la lecture vous convaincra de la force du rapport. Voilà un roman – car s’en est un malgré certaines apparences – qui me semble important car il établit une relation très nette entre la sensibilité du lecteur japonais et celle du lecteur francophone, et sans doute d’autres lecteurs européens.
Tout commence avec la relation qu’entretiennent une vieille dame, Sumire, et une petite fille, Hibari. Sumire adore les oiseaux et dans l’arbre – baptisé Pépé – près de chez elles il y a un nichoir. Sumire y découvre trois œufs abandonnés qu’elle glisse au chaud dans son chignon pour continuer la couvaison. Un seul oisillon naîtra. Soigné, nourri, apprivoisé, baptisé « Ruban » par Sumire et Hibari, il s’envolera pourtant un jour en laissant une plume. À partir de là, l’auteur fait se succéder une suite d’épisodes sans lien direct avec le début si ce n’est la présence d’un oiseau qui « fait le bien » ou en tout cas réconforte ceux et celles qui le voient et l’approchent. Ces personnes sont variées et l’importance, l’apport de l’oiseau subtile et variable. Ces rencontres dressent en quelque sorte un portrait du Japon. Et surtout l’auteur – à mon sens – évite tout mélo même dans l’épisode de la jeune femme qui se sent coupable de la mort de son bébé à sa naissance. Et puis nous retrouvons Hibari sur la fin de vie de Sumire… Et nous apprenons que la vieille dame a eu un amoureux, Hans, dans le Berlin d’avant le Mur. Les dernières volontés de Sumire demandent que la moitié de ses cendres soient versées à Berlin et Hibari – adulte – satisfait à cette exigence et renoue mentalement avec l’oiseau.
On dira qu’en refermant ce roman vous hésiterez peut-être encore entre le trouver « poétique » et humain ou y voir un « fantastique » doux. Pour ma part je pencherai vers le poétique et l’humain teintés d’un réalisme certain.
Bonne lecture.
Le ruban
Auteur : Ito Ogawa
Editeur : Picquier
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