Je me permettrai de regretter la platitude de l’illustration de couverture en regard du contenu qui mérite beaucoup mieux et de trouver le titre peu attirant. Et j’aimerais que l’auteur ne s’en tienne pas à cet unique roman. Il a créé avec Kong Ling, inspectrice sino-suisse et veuve, un personnage envoûtant et dense dont l’intérêt est indéniable. Son passé et son avenir se disputent dans un présent où, à deux semaines de son retour en Chine, elle s’engage à découvrir un meurtrier dont le modus operandi s’inspire des supplices décrits dans la mythologie bouddhiste. Pour modérer les éclats dont elle est une habituée, on lui adjoint un jeune ‘appointé’ Nicostratus Braga très admiratif et curieux. Je ne vous en dirai pas plus sur le personnage pour ne pas gâcher votre lecture, j’ajouterai simplement que Kong Ling aime manger et que cela l’aide à réfléchir.
Hors des considérations religieuses sur les enfers bouddhistes, le roman traite de corruption, d’immigration clandestine, de trafic d’humains, de prostitution avec ce me semble un grand réalisme. Le sort des migrants est présenté par touches et le tableau ‘expressionniste’ qui s’en dégage est très critique. Et pour ma part j’apprécie beaucoup que l’auteur nous laisse seul juge de ce qu’il pense de ce qu’il nous raconte… Une citation qui doublera votre surprise quand vous la retrouverez dans le texte : « Un coin du monde où le passé dormait paisiblement à côté du présent pendant que le futur prenait le temps d’arriver. ».
Bonne lecture, d’une traite si possible.
Le sutra des damnés
Auteur : Alexandre Sadeghi
Editeur : Slatkine
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