Le Témoin
Nicolas II a abdiqué suite au déferlement de la vague bolchévique en Russie. Il est désormais retenu prisonnier avec sa famille loin de Moscou et du pouvoir. Au gré des ordres, il change de lieux de résidence. Il sent bien que son départ de Tobolsk pour Ekaterinbourg est son dernier voyage. Cependant, la famille impériale, secouée et déchirée en son for intérieur, ne laisse rien paraître à l’extérieur. Si les brimades des soudards russes sont nombreuses contre l’ancien tsar, un homme observe cette famille pas comme les autres : le soldat Ivan, qui les admire. Il ne leur parle pas parce qu’il pourrait lui en coûter sa vie, mais les regards qui se croisent sont empreints d’un profond respect.
Les protagonistes de l’histoire semblent se relayer pour nous conter ce dernier voyage. Le lecteur vit le récit par Alexandra, par son mari Nicolas, quelquefois par Maria, une des filles du tsar, et par Ivan, extérieur à la cruauté des révolutionnaires, et qui jouera un rôle prépondérant à une autre époque, à la fin de sa vie. Malgré le thème, le roman est ainsi très vivant et très juste. Le lecteur a l’impression de côtoyer toutes ces personnes.
Ecrire un roman historique qui s’intéresse à des personnages célèbres est un exercice difficile puisqu’on connaît la fin et qu’il n’y a de ce fait pas de surprise. Force est de constater qu’on est totalement happé par cette histoire à la fin si funeste qu’on en oublie la conclusion qu’on a pourtant lue au début du roman. On espère que tout cela n’arrivera pas, qu’ils seront sauvés… Qui sait ?
Ce roman historique est donc très bien mené de bout en bout et dénonce les abominations commises souvent à la suite de changement de régime. Car ce qui s’est produit là en Russie s’était aussi produit en France pendant la Révolution. Et pas seulement. Les exemples sont légion. L’homme est ainsi fait qu’il brûle un jour ce qu’il a aimé… Un ouvrage très noir qui ne peut laisser indifférent.
Le Témoin
Auteure : Agnès Michaux
Editeur : Flammarion
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