La photo en couverture est fort belle, son noir et blanc nous renvoie à Robert Doisneau et au temps de cette enfance romancée proposée par l’auteur. Mais elle m’a aussi rappelé la couverture d’un recueil de Pierre Desproges Chroniques de la haine ordinaire…
Les actions se passent en Vendée à la fin des années cinquante. Elles disent la fin d’un monde et le début d’un autre. Le choc de deux façons de vivre, les ravages du temps et l’opposition de deux perceptions fort différentes de ce même temps. Un temps où les saisons étaient encore bien distinctes, où les hommes en suivaient le rythme, où les gens étaient « enracinés » dans un terroir… où les meuglements des vaches n’étaient pas une gêne pour les voisins. Un temps où Olympe, la tenancière de l’Auberge, commençait à travailler à douze, treize ans sans que l’on y trouve à redire, où il existait encore des gardes-barrières sur les voies ferrées.
Peut-être que ce que je viens d’écrire a réveillé en vous une pointe de nostalgie, ce n’était pas vraiment mon but. J’ai l’impression que l’auteur se contente de nous montrer un monde disparu – les poules qui vivent dans la maison avec vous – non pour le faire regretter mais pour que nous regardions le nôtre – très urbanisé – avec un autre œil. Pour que nous portions sur lui un regard plus acéré, moins embué par la facilité et l’habitude… Un regard moins paresseux… La garde-barrière de l’histoire apprend au narrateur à jouer aux échecs, elle transmet ce que son père lui a transmis… Avez-vous pensé à ce que vous alliez transmettre ? A ce qui restera de vos vies quand vous ne les habiterez plus ? Du virtuel dans des fichiers ? Ou un arbre généalogique raciné aux Croisades ?
Bonne lecture lente…
Le temps de l’enfance
Auteur : Yves Viollier
Editeur : Presses de la cité
Collection : Terres de France
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