Je ne sais qui a décidé du choix de l’illustration de couverture mais ne vous fiez pas à cette image pour décider de votre achat, de votre lecture. Le livre vaut beaucoup mieux que cela. Fiez-vous plutôt au mot de la traductrice préfacière cité en couverture. C’est vraiment l’unique livre de l’autrice. Une remarque, Agnès Desarthe dans sa préface fait référence à un film avec Jack Nicholson : Vol au-dessus d’un nid de coucou, mais on ne sait pourquoi attribue ce film à Robert Altman alors qu’il est signé Milos Forman. Et je me permettrai humblement de trouver le titre français peu parlant…

Il s’agit je crois d’un livre important pour les femmes et donc pour les hommes puisqu’il parle d’une chose que nous – les hommes – connaissons mal : les effets du post-partum. Cet état mental généré par les bouleversements qui peuvent suivre un accouchement. Marthe Gail vient d’accoucher et soudain bascule dans une sorte de folie qui contraint son entourage à l’interner… En 1924 une situation analogue touchera l’autrice qui passera deux mois comme Marthe en clinique psychiatrique. Le texte – j’ai beaucoup de mal à l’appeler ‘ Roman’ – sera publié en 1930. Il renvoie à ces deux mois et s’en libère. Il décrit l’état, les états de Marthe et ce qu’elle voit, et il est écrit comme s’il s’agissait d’associer l’écriture aux sensations, sentiments décrits/éprouvés pour mieux les faire percevoir… Comme si en écrivant ‘Aïe’ je me/vous faisais mal.

C’est d’une rare densité et peut parfois vous mettre mal à l’aise. La pointe passe, déchire un bord d’esprit, s’efface puis revient lacérer à nouveau. Il me semble qu’Emily voit Marthe se débattre avec elle-même comme à travers un léger voile de neige à la ‘translucidité’ variable. Je me suis demandé pourquoi et comment un tel livre était resté non traduit en français pendant près de cent ans, lisez-le ! Je crois que vous comprendrez… Dernière remarque je n’ai pas trouvé de ‘citation’ à vous proposer, difficile de couper dans le dense, mais je vous propose de voir ou de revoir un film de Roberto Rossellini avec Ingrid Bergman : Europe 51. Bergman y incarne une ‘grande’ bourgeoise qui, à la mort de son fils – un peu délaissé pour cause de mondanités -, adopte un comportement social déviant au point que son mari la fait interner…

Bonne lecture, bonne vision…

Le vantail de neige
Auteure : Emily Holmes Coleman
Editeur : Robert Laffont
Collection : Pavillons

www.laffont.fr

Le vantail de neige
4.0Note Finale

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