A mon sens une très jolie illustration de couverture qui dit peu de chose du contenu mais qui en parle à sa façon… Et d’abord parce que le personnage (Agathe), la personne qui avec son « Je » ouvre le livre est une pelote de contradictions bien humaine. Elle raconte les dix jours qu’elle passe avec sa sœur Véra – aphasique – pour vider la maison familiale avant sa destruction. Elle raconte le présent en y joignant les bribes de passé proche et lointain qui surgissent et expliquent plus ou moins directement qui elle est. Agathe est scénariste-dialoguiste et vient d’être récompensée, elle travaille sur un film à propos de Georges Pérec – le rapport aux ‘choses’ est dans ce roman très subtil – elle vit aux USA – où elle est partie à quatorze ans – en couple avec un certain Irvin. Véra que son mutisme ralentissait scolairement communique par l’écran de son téléphone et semble épanouie, bien vivante… Il y a aussi Octave le voisin dont Agathe était amoureuse. Je vous livre les trois autres références ‘littéraires’ d’Agathe : Les aventures de Philémon de Fred, un livre de Claude Ponti où il est question de miroirs et Maus d’Art Spiegelman, parce qu’elles me semblent mériter votre attention au-delà de ce roman. On ne sait pas pourquoi Véra est devenue aphasique, mais on peut comprendre en trois souvenirs d’Agathe comment, elle, en est arrivée à cet état mélancolico-susceptible. Bien sûr ce roman mérite d’être primé mais il me semble plus important qu’il soit lu et goûté. Les passages où les deux sœurs mangent sont passionnants de ‘sensualité’ tout comme les visites de grottes ou les causes du vieil incendie. Un peu comme quand lorsque nous dégustons un bon plat nous sentons chacun de ses ingrédients tout en appréciant leur mélange en même temps et qu’il nous laisse en bouche une saveur, un souvenir indicible mais fort agréable… Si vous voyez ce que veux dire.
Bonne lecture de vacances à l’ombre de grands arbres…
Le vieil incendie
Auteure : Elisa Shua Dusapin
Editeur : Zoé
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