Autant l’avouer tout de suite, Tobie Nathan fait partie de mon panthéon d’auteurs. Pour au moins une raison, c’est chez lui que j’ai trouvé en premier l’idée que l’on ne pouvait pas soigner les maladies mentales des gens qui venaient d’Afrique ou d’Asie avec nos conceptions occidentales de ces maladies. Là, le psychologue s’intéresse à des personnes en danger de radicalisation.
Comment peut-on devenir un djihadiste sur le point de partir combattre alors que l’on était un lycéen bien élevé, par exemple… Tobie Nathan met en évidence le rôle des mots, des noms, de ce qu’ils représentent… On notera sa démonstration de ce que les mots insultants des « Blancs » à l’égard des Arabes ont pour origine des mots arabes. On notera aussi que pendant un temps, dans les banlieues, les enfants jouaient tous ensemble, sans distinction de race ou de religion. Tobie Nathan parle de métamorphose pour expliquer et surtout cherche à rejeter les idées fausses, les clichés, les idéologies, les mauvaises réponses apportées à la question. Rejeter les réponses toutes faites qui ne tiennent nullement compte de l’individu ou s’efforcent de les enfermer dans un moule. Il dresse ici le portrait de quelques-unes de ces « âmes errantes », ces « radicaux » qui s’attaquent aux racines de leurs mots. Cela rappelle une formule de Daniel Sibony commentée par Jean-Claude Guillebaud : « L’origine de la haine est dans la haine des origines ». Je vous laisse faire le pont après lecture entre les deux livres (celui-ci et « La foi qui reste » de Jean-Claude Guillebaud) et je vous livre deux citations :
« Mais comprendre n’est en aucune manière excuser. »
« L’intelligence est une prière adressée au réel. »
Bonnes lectures…
Les âmes errantes
Auteur : Tobie Nathan
Editeur : L’Iconoclaste
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