Avec en petits caractères un sous-titre qui rappellera sans doute à quelques-uns un certain metteur en scène espagnol Le charme discret de la bourgeoisie… Attention, il n’est pas question d’une bourgeoisie banale mais plutôt d’une grande bourgeoisie. Celle qui, après les effarouchements de Mai 68, avait resserré les rangs et entendait bien protéger ses enfants de la chienlit – je parle pour la France. Nous sommes en Alsace en 1969 et Juliette vient passer quelques jours chez ses grands-parents avec sa cousine Camille – bien plus délurée – qui fréquente des garçons. Juliette rencontre Patrice et en tombe, comme il se doit, éperdument amoureuse. Dans le même temps, elle remarque les tics et défauts familiaux et commence à s’émanciper. Patrice, lui, est un adolescent rebelle qui sait ce qu’il veut. Le temps des vacances se passe entre souvenirs d’enfance et découverte du monde des adultes et, à la rentrée, Juliette se retrouve coincée entre ce qu’elle est, ce qu’elle a appris à être et ce que sa famille – qui se délite – voudrait qu’elle soit. Conflit de générations – chacune vit le sien – d’autant plus intéressant ici qu’il correspond à celui qu’a vécu l’auteure. Et l’on peut penser que c’est aussi celui de ses lectrices à qui cela rappellera sans doute aussi quelque chose.
Les personnages sont bien campés et Emmanuelle de Boysson a l’art de croquer en peu de phrases les bourgeois dont elle parle. C’est vivant, plein de piques et écrit pour être lu avec plaisir. Si on pourrait croire que la lecture de ce genre de roman vous laisse indemne, ce n’est pas le cas, il possède sa petite musique qui a le mérite de réveiller des souvenirs – de jeunesse. Tout à l’image de l’illustration de couverture…
Bonne lecture.
Les Années Solex
Auteure : Emmanuelle de Boysson
Editeur : Héloïse d’Ormesson
www.editions-heloisedormesson.com
Laisser un commentaire