Je supposerai que ce petit livre est destiné au plus grand nombre et je recommanderai au lecteur lambda comme vous et moi d’éviter de lire l’introduction avant de lire le roman. Pourquoi ? D’abord parce que c’est une introduction « savante » comme les notes en bas de pages qui, je pense, ne figuraient pas dans la première édition en 1919. Ensuite parce qu’elle déflore le roman. Et enfin parce qu’elle vous prive du plaisir de lire. Lisez l’œuvre, laissez reposer et bien plus tard lisez cette introduction.
C’est un livre moderne – au sens de nouveau et d’actuel – écrit au sortir de la première guerre mondiale qui, par sa violence et son ampleur, changea le monde. Et je dirai que c’est écrit comme pour rendre compte de la confusion du monde issu de cette guerre. Particularité : les choses et les animaux y ont des « comportements » humains, comme pour compenser les morts. Dans l’écriture, les phrases se font et se défont comme pour traduire un chaos. Caille, le colporteur biblique, présente les Signes parmi nous et constate qu’il y a ceux qui savent les lire, ceux qui savent presque les lire et ceux qui ne savent pas… Les Signes sont ceux qui précèdent et annoncent l’apocalypse. On supposera qu’à l’époque les références précises utilisées par Ramuz étaient plus perceptibles et compréhensibles qu’aujourd’hui, ce qui justifie les notes en bas de page. Heureusement, Ramuz fait que l’apocalypse n’a pas lieu dans son roman, peut-être parce qu’on pourrait en 1919 croire qu’elle vient de se produire, le roman s’achève sur une note d’espoir. Les hommes – au sens d’humanité – dépasseront les Signes et engendreront un monde meilleur. On peut toujours rêver.
A lire lentement pour savourer les coups d’épaules donnés par un pré ou les ellipses à l’intérieur des phrases, les herbes qui parlent. Je ne sais pas si ce que je vais vous avouer va faire plaisir mais j’ai beaucoup aimé ce livre parce qu’il a réveillé en moi des échos godardiens et que j’admire ce cinéaste.
Bonne lecture.
Les Signes parmi nous
Auteur : C.F. Ramuz
Editeur : Zoé
Laisser un commentaire