La couleur soleil couchant de l’illustration est assez subtile pour attirer votre regard sans agresser. Ce roman a bien failli me tomber des mains, tant j’éprouvais de difficultés à entrer dedans. Certains passages de traduction m’étaient insupportables parce que trop proches des tournures anglaises… Et puis soudain, non que cela soit plus supportable, le texte est devenu passionnant, la lecture a pris un agréable rythme de croisière. Peut-être en sera-t-il de même pour vous, alors n’abandonnez pas, poursuivez jusqu’au point de non-retour. Surtout que le début est d’une grande violence faite à une femme.
On pourrait dire que la violence domine ce roman. Mais ce n’est pas une violence unique. La violence subie n’est pas la même que celle infligée. Cela commence par la violence faite aux femmes – des prostituées, qu’il faut plier à la volonté du proxénète et des clients – à laquelle se mêle celle faite à un individu qui est amoureux… Cet individu va s’intégrer à un groupe (un père et ses deux fils et leur trois acolytes) qui veut récupérer deux femmes qui ont été kidnappées pour servir de chair à plaisir. Dernière précision, l’action se déroule au Mexique au tout début du XXème siècle… Vous aurez beau vous souvenir de vos Sergio Leone préférés, vous serez comme d’habitude en dessous de ce que ce roman vous donnera à imaginer. En effet, si vous avez dans l’œil Clint Eastwood ou Henry Fonda jouant du colt, le roman vous donne à voir non quelque chose de beau ou de bien cadré mais cette violence même que l’on peine à s’imaginer parce qu’on la sait humaine…
Vous avez compris qu’il s’agit là d’un roman que l’on peut qualifier de cathartique. De ceux qui nous permettent d’évacuer nos violences internes en en chargeant les personnages.
Bonne lecture de rentrée…
Les spectres de la terre brisée
Auteur : S. Craig Zahler
Editeur : Gallmeister
Collection : Americana
Laisser un commentaire