Vous avez bien lu deux noms d’auteurs et il y a deux textes dans ce petit livre… Petit par le nombre de pages mais grand par l’intensité des textes à lire. Un étranger au village, 1951, James Baldwin et Corps noir, 2014, Teju Cole. Je ne crois pas devoir vous présenter James Baldwin (déjà chroniqué ici) et qu’à défaut d’avoir lu on connait comme porte-parole du mouvement intégrationniste. Imaginez – même si cela est difficile – qu’il fut en 1951 le premier homme noir à vivre deux semaines dans ce petit village de montagne suisse : Leukerbad. À partir du récit sans acrimonie de cette expérience, il analyse la situation du noir américain dans l’histoire de l’Amérique. On notera la qualité de la traduction de Marie Darrieussecq. En 2014, Teju Cole, né en 1975 et critique photographique pour le New York Times Magazine, se rend à Leukerbad le 2/08, date anniversaire de James Baldwin, et son texte se fait écho. Il note d’abord qu’il n’est pas le seul noir du village qui s’est transformé en site touristique, les autres ont une profession qui les intègre. Et si culturellement il reconnaît participer d’une culture universelle, son corps noir reste noir. Et aux États-Unis le sort des noirs relève encore du sort réservé aux «nègres ». Il me semble qu’une telle publication était nécessaire d’abord pour faire comprendre et reconnaître l’humain comme humain quelle que soit la couleur de sa peau. Pour faire entendre que l’humain n’est pas une marchandise quel que soit son sexe ou son origine… Et son utilité pédagogique me semble indéniable en imaginant un exposé pour chaque texte et une discussion pour synthétiser en imposant cordialité et respect de l’autre. Citation ( longue) : « Les gens qui ferment les yeux sur la réalité n’invitent qu’à leur propre destruction et quiconque s’efforce de rester dans un état d’innocence longtemps après que cette innocence est morte se transforme lui-même en monstre. ».
Bonne lecture.
Leukerbad 1951/2014
Auteurs : James Baldwin & Teju Cole
Editeur : Zoé
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