Vous avez remarqué que j’aime bien dire mon mot sur les couvertures de ce que je chronique, je voudrais m’excuser un peu de le faire simplement depuis mon bureau. J’ai vu aujourd’hui la couverture de cet album en vitrine d’une librairie : elle en jette ! (comme l’on dit). L’éclairage vitrine accentue le détourage du dessin et le tout tire l’œil. Mesdames & messieurs les libraires, vous savez ce qu’il vous reste à faire…
Vous souvenez-vous des Histoires de l’Oncle Paul qui dans l’hebdo Spirou racontaient les grands personnages de l’histoire et des sciences (hommes et femmes) ? Nous sommes dans la même veine. L’oncle Paul a disparu mais l’esprit est resté.
Là nous sommes au Soudan à la fin du 19ème siècle. Les troupes anglaises qui soutiennent l’Égypte sont assiégées dans Khartoum. C’est le général Charles Gordon dit Gordon Pacha qui les commande. Face à lui Muhammad Ahmad Ibn Abd Allah qui s’est déclaré Mahdi, chef de guerre. Et le scénariste a imaginé un journaliste anglais qui pénètre dans Khartoum et en sort porteur d’un message pour la colonne de secours chargée de désenclaver Khartoum. Le reste relève de l’Histoire.
Et je dirai que le style de Toppi convient à merveille à ce genre de récit qui montre et ‘commente’ ce que dit le texte sans la moindre redondance. Nous sommes embarqués dans l’histoire à coup d’anecdotes, comme si nous en étions témoins. Nous décidons de ce que nous voulons penser mais le dessin influe avec subtilité sur ce que nous pensons. Et il me semble que, comme au cinéma, l’effet noir et blanc renforce le côté réaliste de ce qui est montré… Nous sommes habitués à voir en couleur alors regarder en noir et blanc grossit les contrastes. Je dirai même que le sentiment que les lignes qui délimitent des cases dans certaines pages/planches ont été tracées après dessin/construction de la planche/page accentue l’impression de participer à l’histoire, d’avoir endossé le rôle du personnage principal. Conseil de lecture : après avoir pris connaissance des faits historiques, faire une lecture rapide pour appréhender le style graphique, puis relire tranquillement en entrant dans l’histoire, laisser reposer puis relire sans émotions…
Bonnes lectures.
L’homme du Nil
Scénario : Decio Canzio
Dessins : Toppi
Editeur : Mosquito
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