Même si l’illustration de couverture cadre avec l’idée du personnage principal, je doute qu’elle vous tire assez l’œil. Peut-être le nom de l’auteur sera-t-il suffisant aux yeux de certains. En tous cas, vous auriez tort de passer à côté de ce livre sans lire les trois phrases glissées en exergue… Je vous livre la première et la dernière, attention cette chronique utilisera d’autres citations. « Aucune créature magique n’a souffert durant la préparation et l’écriture de ce roman. » « Je dédie donc ce recueil à ceux et celles d’entre eux qui ont survécu à sa lecture. ».
Vous avez remarqué, il est question à la fois de roman et de recueil. Tout simplement parce que les quatre aventures du Troll présentées ici constituent un tout qui s’apparente à un roman. Vous avez remarqué, l’auteur se situe volontairement et à ses risques et périls dans le registre de l’humour. Si ce genre supporte bien de passer à l’oral ou à l’écran il lui est difficile de passer à l’écrit. Deux raisons à cela : nous n’avons pas tous le même sens de l’humour et l’histoire ou l’aventure peut nous cacher ce qui devrait nous amuser. Ici on peut dire que l’exercice est fort plaisamment réussi. Si vous ne riez pas en permanence, vous sourirez souvent. On pensera d’abord aux amoureux d’un fantastique particulier, celui qui utilise les Trolls et se passionne pour la légende arthurienne. Ils pourraient sans humour ne pas apprécier l’œuvre de Jean-Claude Dunyach… Les nains sont bien des creuseurs de montagne pour en extraire les diamants et autres saphirs. Le Troll est bien celui qui est chargé de les organiser et de surveiller la production dont au passage il se nourrit… Mais on lui a associé des humains gestionnaires, et même Cédric, un stagiaire, qui comme ailleurs sert de faire-valoir.
Dans le premier épisode, le Troll doit récupérer les notes de frais de sa dernière mission, dans le second il doit aider un autre humain à reprogrammer des armes avant un combat programmé, dans le troisième il doit aider Cédric à trouver un cadeau pour le mariage de l’autre humain et il constate que celui à qui il a confié la gestion de la mine pendant son absence est en train de faire souffrir la terre inutilement enfin il retrouve son amour de jeunesse et résout tous les problèmes en suspens.
L’auteur mélange allègrement les ingrédients de la fantasy et les éléments de notre monde et cela sans que l’on s’étonne du télescopage. Et il se permet d’en tirer quelques petites morales : « Les épopées, les drames, ne sont que des conventions, des façons de décrire ce qui ne s’est peut-être jamais produit. Ce qui compte, ce sont les traces que l’on laisse, les paperasses et le respect des procédures. » et plus loin le même ajoute « Si quelqu’un gaspille son temps et son énergie à écrire ce qui lui passe par la tête, c’est qu’il juge que c’est essentiel ou que d’autres auront envie de le lire. D’après mon expérience, il se trompe dans les deux cas. ». Côté humour j’ai trouvé fort court dans le deuxième épisode lorsque le Troll est confronté à des mamelouks l’un d’eux dit :
« – Paix, Troll !
– On est venu pour ça, dis-je. »
Vous trouverez un Troll femelle, une trollesse qui aurait pu moins joliment s’appeler trolleuse.
Un conseil, emportez ce livre dans les transports en commun pour aller travailler, il vous donnera le sourire et, généralement, c’est contagieux.
L’instinct du Troll
Auteur : Jean-Claude Dunyach
Editeur : L’Atalante
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