Il existe, en matière de littérature, un métier un peu décrié (traditore trahitore) qui est celui de traducteur. Pas facile à exercer. Et l’on peut d’abord se demander s’il faut respecter la langue du traducteur ou la langue du traduit. En effet certains textes français donnent l’impression d’écraser le texte original, de lui raboter singulièrement son originalité. J’ai lu il y a peu : « Miracle à Santa Anna » du même James McBride et la traduction m’en a paru très correcte, au moins adaptée au récit. Or là pour cet « oiseau du bon Dieu » je n’ai pas retrouvé la même liberté de ton en français, alors que l’on sent le bouillonnement du texte et au moins des différences de niveaux, de vocabulaire et de langues entre les personnages. Ainsi les deux phrases émises par des critiques américains : « Une prose magnifique » et « Un pur plaisir de lecture » que l’on peut lire sur le bandeau qui signale que ce roman a eu un prix littéraire paraissent peu évidentes pour la version française… Peut-être cela est-il dû au changement de traducteur…
Imaginez le récit de sa vie par un jeune noir – Henry Shackleford, douze ans – libéré de son esclavage par le célèbre John Brown (blanc abolitionniste dont certaines chansons du « folksong » américain rendent admirablement compte) et qui – rebaptisé Henrietta, pris pour une fille – va suivre la bande de John Brown dans son combat pour la libération des esclaves. Henrietta/Henry, dont le père est mort le jour de sa libération, sait au moins faire la part des choses et bénéficie d’une très grande capacité d’adaptation… Un don bien nécessaire pour traverser le Kansas, le Missouri et la Virginie en cette deuxième moitié du 19ème siècle. Mais il n’est pas uniquement question de John Brown ou d’Henrietta, comme l’indique le titre, l’histoire racontée se place sous l’égide de Dieu et de la Bible. Une Bible souvent plus ou moins assimilée, interprétée, adaptée que vraiment lue… Une Bible sensée régler les problèmes humains mais dont chacun tire ce qui lui convient. Et bien sûr il n’y a que l’humour pour faire passer ces visions du « Good Book ».
Idéal pour rentrer le sourire aux lèvres.
L’oiseau du bon Dieu
Auteur : James McBride
Editeur : Gallmeister
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