L’édition originale – en anglais – de ce roman date de 1996, la première édition en langue française date, elle, de 2014… On peut donc se demander ce qui fait attendre le lecteur pendant 18 ans. J’oserai un élément de réponse : la toute-puissance des éditeurs… On se souviendra, pour peut-être comprendre, de l’information récurrente au moment de la distribution des prix littéraires qui vient dénoncer des collusions de jurés et d’éditeurs…
Vous avez deviné que le roman de Kotzwinkle était du genre brûlot à l’encontre des éditeurs… Imaginez un universitaire – peu apprécié de ses collègues – dont un premier manuscrit part en fumée et qui se remet à écrire, achève un deuxième roman « Désir et destinée » qu’il enferme dans une mallette et cache sous un arbre avant d’aller fêter ça en ville. Imaginez un ours, observateur furtif des hommes qui découvre la mallette en lit le contenu et vole des vêtements. Puis soumet son livre à la sagacité des éditeurs. Il est bien accueilli et rencontre des responsable éditoriaux, des responsables de communication qui estiment que son livre va se vendre tellement il parle vrai et est comparable à de l’Hemingway… L’ours est partagé entre un comportement humain et des relents de retour à la nature… L’auteur lui est très triste et se décide à faire un procès…
Kotzwinkle va jusqu’au bout du raisonnement et cela fait un peu peur. L’animal peut-il s’humaniser ? On se souviendra que les montreurs d’ours promenaient ce plantigrade debout. L’humain peut-il s’animaliser ? Mais surtout que voyons-nous dans l’autre ? Et, question suprême puisqu’il est question de littérature, qu’est-ce qui fait la littérature ? Le lecteur ou l’écrivain ? On se gardera de ne conserver de la lecture de ce roman qu’une impression d’humour… Même si, comme disait le Figaro de Beaumarchais, « Je me presse de rire de tout de peur d’être obligé d’en pleurer ».
Bonne lecture.
L’ours est un écrivain comme les autres
Auteur : William Kotzwinkle
Editeur : 10-18
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