Avec un sous-titre très généraliste qui ne vous en dira pas beaucoup plus : « Une psychanalyse de l’exil » mais une petite photo en guise d’illustration qui, elle, pourra vous donner une petite idée. Et si vous avez encore dans l’oreille l’accent d’une publicité pour une marque de couscous vous comprendrez de quel « là-bas » il s’agit.
Hubert Ripoll, né à Philippeville (Algérie), s’est chargé d’interviewer des personnes qui, comme lui, ont dû quitter l’Algérie pendant ou après ce que l’on a longtemps, et presque comme un déni, appelé « les événements ». Les « pieds-noirs » (on notera que l’origine exacte de l’expression demeure incertaine), ceux qui souvent issus de la troisième génération des colons de départ considéraient que l’Algérie était, comme eux, française. Et Hubert Ripoll avoue avoir été confronté à une « nostalgérie » dans sa tentative de définir une « piednoiritude » (ces deux néologismes se comprennent sans explicitation). Il a interrogé trois générations de personnes (parents, enfants et petits-enfants) et constaté un refus manifeste des parents de parler de ce qu’ils avaient vécu – souvent dans la violence. Et la difficulté pour les enfants de mettre des mots sur le silence des parents tout en entendant des bribes de souvenirs lors des réunions familiales et entre amis. Au fil de la lecture et des témoignages, progressivement, se dévoile une approche de l’exil – qui tient compte de la place laissée par celui qui est parti dans le pays quitté – qui justifie pleinement le sous-titre.
Petite citation : « Pourtant, cette insistance à perpétuer la mémoire et à faire respecter l’honneur des anciens n’a jamais été enseignée telle quelle dans les familles. Elle tient à la nécessité que ressent tout individu de puiser son identité dans celle de sa lignée, sans laquelle il n’est rien. ».
Ainsi, que vous soyez concerné directement ou non par le sujet, je ne saurais trop vous conseiller de découvrir, par le biais de ce livre, une partie de la vie de ceux qui un jour ont dû, pour une raison ou une autre, fuir le pays qui les avait vus naître ou grandir.
Bonne lecture, lente de préférence.
Mémoire de « là-bas »
Auteur : Hubert Ripoll
Editeur : L’Aube
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