Metropolis c’était le chef d’œuvre cinématographique de Fritz Lang, Metropolis c’est la ville de Superman, Metropolis ce sera une tétralogie marquante de la Bande Dessinée moderne. Metropolis c’est ici, avant tout, une mégapole franco-allemande dans une Europe qui n’a pas connu les guerres mondiales. La construction européenne a démarré bien avant et est portée par une incontournable entente entre l’Allemagne et la France, incarnée par Stresemann et Bruand (2 hommes qui ont eu le prix Nobel de la Paix dans notre monde). Ce monde utopique épargné par les traumatismes belliqueux transpire dans chaque page dessinée par Stéphane de Caneva (Sept Clones avec Louis, chez le même éditeur) de manière plus ou moins importante. Car ce premier tome, malgré ses 94 pages ne nous livre pas encore toutes les clefs. La lecture de cet intriguant polar est si prenante qu’il y a un vrai sentiment de trop peu. La mise en place est quasi omniprésente et nécessaire tant cette uchronie semble avoir été réfléchie dans les moindres détails par son scénariste Serge Lehman (la Brigade Chimérique avec Gess, chez l’Atalante éditions).
Serge Lehman nous livre un scénario bien plus clair que ses précédentes productions BD, les nombreuses années de gestation avant l’accouchement de ce projet ont sans aucun doute été bénéfiques. Ici, point de multiplication à outrance des références indigestes pour le grand public. L’album se lit d’un trait, peut-être même un peu trop vite. Mais une fois refermé, le lecteur se rend bien compte d’avoir découvert quelque chose de peu commun, bien plus dense qu’au premier abord. Le style graphique de Stéphane De Caneva est sobre, là aussi sans doute trop sobre. La rapidité de parution ne doit pas y être indifférente puisque les trois autres albums de cette tétralogie sont prévus avant fin 2015. Sachant que ce sont des albums bien plus épais que nos traditionnels albums de Franco-Belge (dans un format un peu plus réduit mais pour un prix comparable), un dessinateur efficace était une obligation. Stéphane De Caneva est un bon choix, puisqu’il arrive à conserver un trait expressif tout en étant minimaliste. À la lecture, les défauts qu’on pourra lui trouver s’effaceront pour provoquer une véritable immersion dans ce monde si mystérieux, à la fois connu et inconnu.
La couverture de Benjamin Carré est la parfaite synthèse de cet album ! Inclassable mélange aux frontières des genres connus, hypnotique et étrange. Malgré la relative déception d’en avoir appris bien trop peu, impossible de ne pas vouloir en savoir plus. N’est ce pas également l’un des meilleurs signes que l’on peut attendre de la lecture d’un album ?
Metropolis Tome 1/4
Série en cours
Dessinateur : Stéphane De Caneva
Scénariste : Serge Lehman
Éditeur : Delcourt
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