MITTERAND ET SES OMBRES – Polar Politique !

A la fin de son mandat présidentiel, François Mitterrand a accepté une interview un peu particulière d’une jeune journaliste, à la seule condition que ses propos ne soient publiés que vingt-cinq ans après sa mort. La Part d’ombre de l’illustre socialiste français est aujourd’hui prête à être publiée dans un nouvel ouvrage littéraire ainsi que dans les pages de cette bande-dessinée politique sortie en pleine pandémie de Coronavirus (Avril 2021). Environ trois cent cinquante livres biographiques ou plus ont déjà été publiés à ce jour sur l’homme de gauche qui a dirigé la France du 21 mai 1981 au 17 mai 1995 (13 ans, 11 mois et 26 jours).

Que peut-on encore dire de lui ? L’homme qui a passé sa vie à sculpter sa statue pour l’histoire en effaçant les ténèbres troubles a pourtant traîné quelques casseroles. Celle qui nous intéresse aujourd’hui s’est déroulée le 15 octobre 1959. L’affaire de l’attentat de l’Observatoire est étrange. Averti par le politicien Robert Pesquet d’un projet d’attentat à son encontre, le sénateur de la Nièvre a échappé aux balles d’un pistolet mitrailleur en prenant la fuite dans les jardins. Son véhicule, une Peugeot 403 a été criblée de sept balles qui heureusement n’ont pas atteint le futur président. L’affaire a été médiatisée dès le lendemain. Alors qu’il était en perte de vitesse et marginalisé même au sein de son parti, Mitterrand est redevenu le chef de la lutte contre l’extrême droite. Sa réaction a été louée et les partisans de l’Algérie française ont été soupçonnés d’être derrière le coup, mais était-ce vraiment le cas ?

Ce polar politique de 136 pages, superbement illustré dépeint les combines et les intrigues de l’époque avec brio. Mitterrand, ministre en vue dans les années 50 a survécu à trois affaires qui auraient dû signer sa perte : L’affaire des Fuites (1954), L’affaire du bazooka (1957) et l’affaire de l’Observatoire (1959) où il a échappé à un attentat rocambolesque. Les auteurs de cette BD, Patrick Rotman et Jeanne Puchol ont reconstitué avec verve les coulisses occultées dans les livres d’histoire.

Patrick Rotman est un auteur, scénariste et réalisateur français connu pour ses documentaires historiques et politiques. Issu d’une famille de résistants, il s’est passionné pour l’histoire et a décroché un doctorat dans cette branche en 1979. Il a débuté une carrière d’écrivain enquêteur. Avec Hervé Hamon, il a publié plusieurs ouvrages sur la politique dont Génération. En 1993, il a créé Les Brûlures de l’histoire, une émission consacrée aux grands moments de l’histoire et leur impact sur la société d’aujourd’hui. Le magazine a été récompensé par un 7 d’Or en 1995 et par le Prix du Comité Français pour l’Audiovisuel, l’année suivante. En plus des documentaires, Patrick a co-écrit avec Benoît Magimel le scénario de L’ennemi intérieur. Il est également le scénariste à l’origine de La Conquête, le film sur l’ascension de Nicolas Sarkozy. En 2017-2018, l’auteur a publié chez Delcourt deux albums : Octobre 17 et Mai 68 : La veille du grand soir. Jeanne Puchol est Née en 1957 à Paris. Après des études de photographie à l’école nationale supérieure des arts décoratifs, l’illustratrice a publié en 1983 sa première bande-dessinée : Ringards ! parue aux éditions Futuropolis. En 1985, elle a cosigné dans Le Monde un pamphlet intitulé Navrant, sur les dérives d’une bande dessinée racoleuse et sexiste. Elle a publié plusieurs albums chez son éditeur, des histoires policières ombrées au lavis et a illustré Meurtre pour Mémoire en 1991. En solo, Jeanne a été l’auteure de bande-dessinées atypiques : Chimères chez PLG, Haro sur la bouchère ! et La bouchère au bûcher et tout récemment aux éditions Tirésias : Charonne – Bou Kadir, pour lequel elle a reçu le Prix Artémisia 2013 de la BD au féminin. Elle a également participé à plusieurs albums collectifs, dont En chemin elle rencontre… avec un récit illustré sur le thème du mariage forcé, sur la tenue vestimentaire et le harcèlement de rue. La signature de Jeanne Puchol est associée à celles de Michel Boujut, Catherine Cazalé, Rodolphe et Valérie Mangin avec qui elle a réalisé Moi, Jeanne d’Arc.

Le scénario de ce one-shot est tiré de faits réels. Captivant mais un peu trop précis du point de vue politique, ce roman graphique n’est pas fait pour un large public. Pour pouvoir apprécier au mieux les enjeux politiques et les complots stratégiques, mieux vaut connaître la situation de la France à cette époque.