Le nom de l’auteur devrait vous dire quelque chose. J’ai chroniqué (ici https://www.daily-passions.com/ecritures-carnassieres ) son premier livre Écritures carnassières (même éditeur). Il récidive et c’est bon signe que son précédent livre a plu. J’aime bien l’ambiguïté du titre qui vous laisse le choix de qui mord et est mordu. La réponse est dans la lecture. J’aime bien l’impression de portrait en mosaïque que donnent les courts passages présentés. On peut aussi les lire comme les écailles d’une carapace tombant au gré des souvenirs de celui qui parle. Surtout ne doutez pas de la construction élaborée du striptease. Il me semble que c’est cette maîtrise de son histoire qui, une fois nous, lecteurs, habitués aux images poétiques savamment mêlées à une vulgarité un peu provocante, nous fait apprécier la prose d’Ervé. Cela implique le conseil de lecture suivant : lisez au compte-gouttes… le portrait ne se modifiera pas mais vous apprendrez à le voir et à le regarder sans vous sentir mal à l’aise… Car en fait il s’agit de la vie dans la rue, de la survie plutôt. Avec deux ennemis : la rue et soi. Ennemis impitoyables dont on devine que ce ‘soi’ est le plus terrible. La rue on s’y habitue, on y trouve des amis… on s’y fait (vous notez l’ambiguïté de cette formule). Ervé n’est pas seul, il a deux filles – ses poumons comme il les appelle – et la façon dont il en parle donne envie de les connaître. Nouveau conseil de lecture, lors de vos prochaines soirées, prévoyez de lire un ou deux passages non pas choisis au hasard mais bien distincts pour noter les réactions de vos amis… et proposez d’en discuter.
Dernière remarque avant citation, j’ai été surpris de lire page 45 dans le passage intitulé « La balançoire » : ‘Quitter l’apesanteur, ce pesant de la vie’. ‘N’est-ce pas plutôt de ‘la pesanteur’ qu’il s’agit… ? Citation : « J’ai besoin de civilisation. ».
Bonne lecture.
Morsures de nuit
Auteur : Ervé
Editeur : Maurice Nadeau
Collection : À vif
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