L’illustration sur la jaquette de couverture vous donnera une idée du contenu sans trop vous en dire. Pour ce deuxième roman de Donald Ray Pollock traduit en français, je vous demande de retenir, d’avoir souvent présent à l’esprit au fil de votre lecture, le fait que son action se déroule entre 1917 et 1918. Cela me semble primordial pour bien comprendre les mentalités des personnages et considérer que ce qu’il leur advient est tout à fait « normal ». Je veux dire que vous ne devez pas les prendre pour plus bêtes qu’ils ne sont… Exemple, ce couple dont le fils vient de disparaître et qu’ils croient engagé dans l’armée pour aller combattre en Allemagne, n’a pas de carte et ne sait pas où se situe l’Allemagne. Et lorsque le mari voit l’Océan Atlantique sur un globe il ne peut en mesurer l’étendue. Cela peut nous paraître aberrant mais je suis sûr que si l’on demandait à l’époque à un paysan de Lozère de situer un État des USA on risquait de mesurer son ignorance.
A travers une galerie de portraits, Pollock dresse le portrait d’une Amérique du Nord du début du vingtième siècle… Le portrait des conséquences d’une éducation centrée sur la Bible, où peu savent lire mais redoutent l’église et s’enflamment pour les aventures romancées de quelque héros de western – vous vous souvenez de Madame Bovary ? On suivra bien sûr l’épopée singulière des fils du vieux Jewett qui, à la mort du père, se prennent à rêver de jouer les bandits de grands chemins… Mais on lira les malheurs de celui dont le sexe est « démesuré » et que sa mère a traumatisé ou encore de celui qui veut éviter que l’eau de la rivière ne soit plus polluée par les fosses septiques qui débordent…
A la suite des metteurs en scène (Peckinpah et Tarantino) cités en quatrième de couverture je voudrais ajouter le David Lynch des débuts…
Bonne lecture…
Une mort qui en vaut la peine
Auteur : Donald Ray Pollock
Editeur : Albin Michel
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