La couverture en couleur de cet album vous dit presque tout de son contenu. Mais l’intérieur est en noir et blanc. Et, à mon humble avis, c’est en noir et blanc que Toppi s’illustre au mieux. La preuve ? Vous la trouverez, je pense, en quatrième de couverture où figure un dessin coloré dont la version noir et blanc est en page intérieure. Faites la comparaison.
Toppi nous raconte trois histoires d’indiens – même si dans la deuxième ils ne sont qu’en filigrane -. Ces trois histoires, dont la première publication remonte à 1976 et s’étale jusqu’en 1978, n’ont pas pris une ride… Et cela pour deux raisons : si j’ai écrit plus haut que Toppi s’illustrait c’est tout simplement parce qu’il illustre plus qu’il ne met en planches. Et on peut, je crois, facilement l’imaginer faire des dessins, des portraits comme des exercices, des brouillons sans liens évidents puis trouver une histoire intéressante à raconter et l’écrire et rechercher parmi les dessins réalisés de quoi raconter en images l’histoire écrite et donc ajouter les dessins nécessaires à la compréhension… Il illustre donc un texte, ce qui peut expliquer que certains portraits ne se ressemblent pas tous avec la précision exacte…
La première histoire raconte comment un indien remplace un père auprès d’un jeune indien dont on devine qu’il est seul à voir son formateur. La deuxième renvoie à la bataille de Culloden – faites tourner votre moteur favori – et comme la première joue avec les ressorts du Fantastique. La dernière – à mon avis la plus forte – donne de la célèbre bataille de Little Big Horn une explication très particulière qui nous renvoie à la religion catholique… Je ne suis pas sûr que raconter ces histoires comme un Jijé, un Gir ou un Blanc-Dumont aurait accroché les lecteurs, or la façon dont Toppi les illustre les rend incontournables… Si vous connaissez le photographe Salgado et le dessin de Toppi vous pouvez, je crois, comprendre. Chez ces feux artistes les productions sont très esthétiques, « très belles », or elles montrent des choses, des faits relativement tristes. En regardant attentivement les « planches » de Toppi et en observant comment les « cases » débordent du ou s’inscrivent dans le cadre, comment le travail graphique est soigné on « subit » le récit et sa force parce que ce n’est pas uniforme et inscrit dans un moule.
Le genre d’album qu’une fois la lecture finie – l’histoire en mémoire – on prendra grand plaisir à feuilleter.
Naugatuck 1757
One-shot
Dessinateur et scénariste : Sergio Toppi
Editeur : Mosquito
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