Il est écrit en quatrième de couverture que Maurice Nadeau a été le premier à le publier en français, cela devrait, au moins, vous inciter à consulter le catalogue des éditions et, au plus, à vous demander pourquoi. Imaginons que ce soit à cause de la singularité de l’auteur, difficilement éditable ailleurs. J’ai déjà chroniqué pour vous du Dagerman. Il fait, à mes yeux, partie de ces écrivains qui tentent de montrer ce que leur lucidité leur a permis de voir.
Là, nous sommes dans un recueil de dix textes que j’ai envie de considérer comme des textes-écailles arrachés par l’auteur à la peau du monde, ou tombés et ramassés par ses soins. Qui deviennent, par la magie des mots, translucides pour nous dévoiler ce qu’elles cachaient. Des solitudes. Imaginez que le personnage ‘principal’ de Notre plage nocturne s’appelle Sisyphe… Et je vous conseillerai de commencer par ce texte pour vous faire une idée du ton… et de le lire avec toute l’attention qu’il mérite. Et vous vous demanderez comme moi de quand date le texte avec pour seule indication qu’il est d’avant 1954… Stig Dagerman est né en 1923 et s’est donné la mort à trente et un ans. La suite de la lecture m’a amené dans les paysages de Nicolas de Staël et les tableaux d’Edward Hopper. Images entre lesquelles je crois on peut trouver une relation et des visions de solitudes. Heureusement, et comme pour adoucir ou en estomper la violence sourde, des vers de René Char et des Haïkus subtils me sont venus en mémoire. Il me semble que la fréquentation des poètes et des peintres est un bon remède à la solitude. Et vous serez bien avisés de lire au compte-gouttes en vous perdant du côté d’Agrigente avec Nicolas ou dans un bar de nuit avec Edward… Une citation, bien sûr. Elle est prise dans les interrogations de celui qui présente Sisyphe : « S’il existe une excuse à notre vie, permettez-nous de la connaître au plus vite. ».
Bonne lecture lente d’après rentrée.
Notre plage nocturne
Auteur : Stig Dagerman
Editeur : Maurice Nadeau
Collection : Poche
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