Il s’agit d’un recueil de deux longues nouvelles, l’une récente Osgharibyan, l’autre plus ancienne, l’une qui traiterait de l’espace et l’autre du temps et je vous recommande de suivre l’ordre de l’édition. D’abord le lieu (l’espace), ensuite le temps et surtout de faire attention à la composition typographique, pour ne pas perdre les fils. Je vais commencer par une citation du premier texte : « Je croyais voir quelqu’un qui m’attendrait au bord de la mémoire du ventre mou d’un cétacé dont j’avais oublié le nom, si je l’avais jamais su, ou qui se cacherait derrière la grille de ses fanons. », laissez-la faire son chemin. Et surtout abandonnez-vous, ne cherchez pas à expliciter, à comprendre, lisez. Comme pour un vieux tirage photo argentique, ce que vous avez à, devez comprendre se révélera progressivement. Il est question d’une Ville mouvante, changeante – comme un rêve verlainien – perçue par une personne floue tantôt ceci, tantôt cela. Une Ville dont Charles Osgharibyan serait l’Ariane et son fil. Imaginez-vous en Lemmy-Caution-Bloom-Dedalus découvrant les lieux de cette (alpha)Ville…

Citation pour ce qui concerne le deuxième texte : « Vingt mille lieues sous la terre, les nappes phréatiques aspirées et salies fracasseront les pierres : il fallait impérativement pérenniser la civilisation industrielle, abreuver les machines du sang planétaire, les nourrir de chair humaine. »…. Vous avez noté la référence ? Dans ce registre temporel on délocalise aujourd’hui, on pique-nique hier sous l’égide, entre autres, de Pierre Boulez et de René Char, avec (croit-il !) des clins d’œil à dame Marguerite D. et à un jeune journaliste du 19ème (petit arrondissement parisien)…

On a compris que j’apprécie hautement de retrouver au fil de ces lectures beaucoup de mes admirations littéraires (Desnos, Pérec, Vian), picturales (Odilon, Rops, Klimt pour me limiter à des cités), cinématographiques (un Antoine Truffaut proche parent sans doute d’un François Doinel)… S’ils ne sont pas tous là, il me semble que leur fantôme, leur ombre hante le kaléidoscope que l’auteure maîtrise pour nous… Une lecture de bonne compagnie…

Osgharibyan suivi de Un oiseau de secours
Auteure : Léo Kennel
Editeur : Flatland
Collection : La tangente

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Osgharibyan suivi de Un oiseau de secours
5.0Note Finale

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