Cortazar

Cortazar

On me pardonnera j’espère d’oser traiter deux livres d’un même auteur dans la même chronique. Façons de perdre est une réédition (même éditeur 1978), Pages inespérées est un groupement de textes épars jamais jusque là présentés en volume, les deux sont des recueils de nouvelles. Avant de vous parler de chaque titre en particulier, quelques mots à propos de l’auteur. Français né en 1914 à Bruxelles de parents argentins, il passe son enfance et son adolescence en Argentine au sein de la petite bourgeoisie. Le 12 février 1984 il meurt à Paris où il vivait depuis trente ans. Le meilleur moyen de connaître un auteur est je crois de le lire (sa bibliographie se trouve dans les deux volumes). Après lecture d’un ou deux titres, je vous conseille : Entretiens avec Omar Prego (en Folio Essais n° 29). Julio Cortazar y parle de lui, de sa façon d’écrire, de ce qu’il aime et de littérature. C’est passionnant.

Façons de perdre comprend 11 textes répartis sur 180 pages, cela vous donne une idée de la longueur moyenne des récits. Je crois qu’une des premières choses qui ressort des textes de Cortazar c’est son humour. Un humour surprenant qui naît d’une petite phrase qui boucle une scène ou une séquence et qui semble être posée là comme pour vous prendre à contre-pied. Vous vous installez dans le texte et soudain, crac, l’univers présenté s’effondre en totalité ou en partie. Et même si vous croyez vous être habitué, dans le texte suivant vous êtes à nouveau surpris et je pense que vous êtes alors à la fois étonné et content de l’être. C’est du grand art. Subjectivement j’ai retenu de ce recueil le texte intitulé « La deuxième fois ». Commencez donc par lui.

Pages inespérées comporte 28 textes répartis sur 130 pages environ. J’ai même eu envie de vous en recopier un en entier pour vous donner l’idée de ces textes brefs. Là vous retrouverez l’humour et le « fantastique » de Cortazar. Un fantastique particulier, surprenant parce qu’il relève du monde des personnages et non de quelque magie… Ce sont les personnages qui se l’inventent, l’acceptent, le façonnent, l’habitent. Un fantastique que je rangerais au côté de celui de Magritte. Un de ceux que l’on ne décèle pas tout de suite, un de ceux qui ne s’affichent pas. Je vous laisse le soin de vous y faire et d’apprécier.

Je ne saurais vous quitter sans vous offrir une petite citation. Lucas est un personnage qui se fait soigner à l’hôpital. Il écrit entre autres un court texte titré « observations inquiétantes » qui se termine ainsi : « Ah, si seulement nous pouvions dire : Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour, mais garde-toi les miettes ! ».

Bonne lecture.

Pages inespérées & Façons de perdre
Auteur : Julio Cortazar
Editeur : Gallimard

www.gallimard.fr

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