Ce (trop ?) long titre est pourvu d’un sous-titre : carnets d’un traducteur… Et bien sûr le portrait en couverture – qu’on supposera de l’auteur – penche aussi. Je me permettrai de trouver un peu exhibitionniste l’attitude du monsieur qui ouvre grand sa chemise pour que l’on remarque bien son T-shirt porte titre. En fond, en rouge sur rouge, des noms d’auteurs – ceux traduits par l’auteur. Si vous suivez un peu mes chroniques – je dois bien avoir trois quatre lecteurs attentifs à ma prose – vous savez à quel point j’attache de l’importance à la qualité des traductions… et vous avez dû remarquer que, quel que soit son mérite et la qualité de sa production, le nom du traducteur figure rarement en couverture des œuvres traduites… L’édition invisibilise le traducteur, le fait passer pour un humble passeur et pourtant, si c’est bien ce qu’il est, on lui doit des textes qui n’ont parfois pas grand-chose à envier au texte original… Là j’avoue qu’à part le fait que l’auteur puisse se targuer d’avoir entretenu une correspondance avec certains auteurs de renom, je ne trouve guère, par exemple, d’intérêt aux petites retouches qu’il effectue sur les poèmes de Richard Brautigan et je ne suis pas sûr que le lecteur les perçoive et comprenne les nuances. A propos des accents locaux qui souvent désorganisent la langue, et si vous aimez les romans policiers, je vous renvoie aux traductions d’Andrea Camilleri dont Serge Quadruppani a su rendre à merveille les effets de langue. Nicolas Richard parle de surtraduction et l’on aurait aimé avoir des exemples nous permettant de saisir l’effet. En bref on a parfois l’impression que les discussions entre lui et les directeurs de collection jouent sur des points de détails dont l’intérêt n’est pas toujours lisible en français et dont la résolution satisfait l’amour-propre du traducteur plus qu’il n’apporte au plaisir du lecteur. Car en fait la question est bien là, qu’un traducteur passe du temps à hésiter entre un mot ou un autre, un adjectif ou un autre dans le respect de ce qu’il pense/croit avoir compris, qu’importe si le résultat est lisible… Heureusement : personne ne nous demande de choisir entre : ‘Je préfèrerais ne pas’ ou ‘J’aimerais mieux pas’ comme écrivait Herman Melville…
Bonne lecture…
Par instants, le sol penche bizarrement
Auteur : Nicolas Richard
Editeur : Robert Laffont
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